Beth lechem, la
"maison du pain" en hébreu, est le nom de la localité où
Jésus-Christ serait venu au monde slon les évangiles de Matthieu et de
Luc. Ce
dernier auteur donne non seulement des éléments narratifs, mais
également des
points
de repère géographiques et historiques.
"En ces jours-là parut un édit de
l'empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre - ce premier
recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie -. Et
chacun
allait se faire inscrire dans sa ville d'origine. Joseph, lui aussi,
quitta la
ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David
appelée
Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. Il
venait se
faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte. Or, pendant
qu'ils
étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit
au monde
son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une
mangeoire,
car il n'y avait pas de place pour eux à l'hôtellerie" (Lc. 2, 1-7).
La ville actuelle de Bethléem
(maria-valtorta.org).
Joseph
et Marie se déplacèrent depuis Nazareth en Galilée, situé à une
centaine
kilomètres au nord de Jérusalem, jusqu'à Bethléem en Judée, implantée à
dix
kilomètres au sud de Jérusalem.
Le
nom de Bethléem apparaît déjà dans l'Ancien Testament, puisque c'est
aussi le lieu
de naissance du roi David (1 Sm. 16) ; or Joseph et Marie étant
eux-mêmes des
descendants de David, cette parenté pouvait légitimer la royauté
annoncée de
Jésus. Le livre du prophète
Michée désigne également Bethléem comme la ville de naissance du futur
Messie (Mich. 5, 1).
L'endroit exact de la
Nativité
n'est renseigné que par un seul détail fourni par Luc : la présence
d'une mangeoire, indice qui
évoque une étable ou une crêche. Sans doute était-ce là un abri de
fortune trouvé
dans l'urgence avant l'accouchement de Marie, toutes les structures
d'hébergement affichant complet.
La
basilique
La
ville de Bethléem est aujourd'hui située en territoire palestinien et
sa
population est majoritement musulmane. Elle possède cependant l'un des
plus
anciens bâtiments d'églises au monde, qui tient encore debout depuis le
VIe
siècle : la basilique de la Nativité. Le vénérable monument est
érigé
au-dessus d'une petite cavité naturelle, que la tradition chrétienne
considère comme la
grotte de la naissance du Christ. Mais sur quels éléments se fonde
cette
tradition ?
Les documents
d'archives et l'histoire de l'édifice en fournissent quelques-uns. De
rares
écrits anciens attestent que le lieu était vénéré dès les premiers
temps du
christianisme. Ainsi
le philosophe chrétien saint Justin
de Naplouse (v. 100-165) précisa-t-il que c'était d'une grotte : "Comme
Joseph ne put trouver du logement dans ce village, il occupa une grotte
toute
proche du village. Tandis qu’ils étaient là, Marie donna le jour au
Christ et
le coucha dans la crèche". Un autre auteur un peu moins ancien,
Origène
d'Alexandrie (v. 185-254), affirma de même : "A Bethléem, la grotte où il est
né est indiquée, ainsi que la mangeoire dans la grotte où il a été
emmailloté dans ses
langes". Il est vrai que le sous-sol de la ville de Bethléem est
percé
d'un réseau de galeries naturelles où l'évènement est susceptible de
s'être produit.
L'entrée de la basilique de la
Nativité
(bobmay.info).
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La nef de la basilique
(custodia.fr).
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Au
IVe siècle, l'empereur romain Constantin se convertit au christianisme.
Cette
décision personnelle s'accompagna d'un édit de tolérance religieuse
envers le
christianisme, l'édit de Milan (313), qui autorisait les chrétiens à
pratiquer leur culte. L'une de ses conséquences fut la
réalisation d'un ambitieux programme de construction d'églises, auquel
la
famille impériale s'associa. En 325, Constantin confia à sa mère,
sainte
Hélène, la mission de faire bâtir une église prestigieuse au-dessus de
la
grotte de la Nativité à Bethléem. Ce monument, terminé en 333, devint
l'un des
plus importants sanctuaires chrétiens de l'empire.
La
basilique élevée sous Constantin fut incendiée et ruinée au siècle
suivant lors d'une révolte des Samaritains (529). Elle fut cependant
remplacée, en 565 sous Justinien, par une nouvelle église encore plus
spacieuse ; c'est cette
dernière qui est encore debout aujourd'hui. Pourtant elle faillit
encore
disparaître lors d'une invasion perse en 614. Alors que les soldats
perses
avaient abattu toutes les autres églises du pays, ils épargnèrent
celle-ci parce que, dit-on, ses murs portaient une représentation des
trois
mages vêtus de vêtements perses.
Au
Moyen Age, les croisés opérèrent quelques transformations, tout en
conservant
le corps du bâtiment et lui donnèrent sa forme actuelle.
L'intérieur de la grotte
de
la Nativité
(sacred-destinations.com).
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Le lieu précis de
la
naissance de Jésus,
indiqué par une étoile en argent
(bobmay.info).
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Le
visiteur qui pénètre aujourd'hui dans l'édifice est contraint de se
baisser
avec humilité pour franchir une porte d'accès haute de seulement un
mètre vingt.
Dans la vaste et longue nef qu'il découvre ensuite, s'alignent quatre
rangées d'imposantes colonnes de
marbre rouge. Celles-ci supportent deux longs murs en surplomb
au-dessus
desquels apparaît une haute charpente de bois. Les colonnes sont
recouvertes de
fresques et les parois qu'elles soutiennent portent des fragments de
mosaïques
médiévales.
De part et d'autre du
choeur, deux escaliers latéraux descendent vers une grotte située au
niveau
inférieur. C'est cette crypte que l'on croit être l'étable où se passa
la
naissance du Sauveur. Le point précis de l'accouchement de la Vierge
est marqué
par une grande étoile d'argent, intégrée au sol de marbre sous un autel
mural,
et entourée d'une inscription latine explicative : "Ici, Jésus-Christ
est né de la Vierge Marie".
Plan de la basilique et d'une
partie
des
bâtiments
attenants
(custodia.fr).
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Plan des grottes souterraines
(custodia.fr).
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Juste
en face de l'autel, la cave voûtée se prolonge jusqu'à une petite porte
qui communique avec
d'autres galeries. Sur le côté, un espace étroit contient une mangeoire
représentant celle où l'enfant Jésus fut déposé. Selon une vieille
légende, un
ancien puits creusé sous ce point permettait aux honnêtes pélerins de
voir se
refléter l'étoile des rois mages …
La
basilique de la Nativité est elle-même intégrée à un ensemble
architectural
conséquent. Ce complexe comprend des monastères franciscain, grec et
arménien,
ainsi qu'une église Sainte-Catherine et une chapelle franciscaine des
croisés.
Signalons que cette dernière contient de splendides fresques médiévales
du XIIe
siècle dont la restauration s'est achevée en 2007.
Sous
cet ensemble de bâtiments se trouve encore un réseau complexe de
galeries
souterraines. De l'église Sainte-Catherine, un escalier descend vers
ces
cavités qui communiquent toutes entre elles ainsi qu'avec celle de la
Nativité. Elles sont aménagées en chapelles dédiées à plusieurs
personnages :
saint Joseph, les Saints Innocents et saint Jérôme.
Aperçu du sol en
mosaïque d'origine
(picasaweb.google.com).
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Fresque
de l'intérieur de la chapelle
des croisés
(flickr.com).
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En
1932 et 1934, des fouilles furent entreprises dans la basilique sous le
gouvernement du Mandat britannique, relayées en 1949 par les pères
franciscains.
Le résultat essentiel de ces investigations est la mise au jour dans la
nef
principale d'un splendide sol en mosaïque, plus ancien encore que le
dallage
actuel. Il représente des motifs géométriques aux couleurs vives, des
rubans
entrelacés, des feuillages, des fruits et des oiseaux. Il intègre près
de
l'escalier menant à la grotte une inscription formée d'un seul
mot : Ichtys, qui signifie en grec
"poisson", l'un des premiers symboles du christianisme. L'ensemble de
cette oeuvre remarquable recouvrait certainement le sol de la première
église
de Constantin. Elle est désormais partiellement visible à travers
plusieurs
trappes aménagées dans le pavement actuel.
La
basilique de la
Nativité joue également un rôle important dans la vie locale, en
favorisant les
rencontres interreligieuses. Chaque année en effet, la messe de Noël
célébrée à minuit
est un évènement auquel les Palestiniens prennent part comme l'avait
fait leur
leader Yasser Arafat. Le monument souffre aujourd'hui d'un besoin
urgent de
travaux de restauration, pour lequel un accord a été signé en 2010
entre les
communautés chrétienne et musulmane. Ironie du sort, c'est l'Autorité
palestinienne qui a décidé de financer la remise en état de l'édifice.
Références
:
[1] - J. Abela : "Bethléem
et
ses environs".
Franciscan Cyberspot, Nov. 2005.
[2] - "Church of the
Nativity,
Bethlehem". The
Palestine Exploration Fund (pef.org.uk).