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Les ancêtres

d'Abraham









 

Insérées entre les différents récits de la vie des personnages bibliques, le livre de la Genèse contient plusieurs listes généalogiques de la descendance du premier homme et des ancêtres d'Abraham. Entre l'histoire de Caïn et d'Abel, celle du Déluge et celle d'Abraham, figurent ces longues énumérations de personnages avec leurs noms et les durées de leurs vies (Gn. 5, 3-32 ; Gn. 10, 1-31 ; Gn. 11, 10-26). On peut s'interroger sur la valeur historique des arbres généalogiques bibliques.



Parallèles généalogiques



        L'histoire reconstituée de l'ancienne Mésopotamie présente quelques particularités étonnantes dont on retrouve un écho dans la Bible. Par exemple, les plus anciens rois sumériens sont dotés de durées de vie incroyablement longues, puisqu'elles atteignent plusieurs milliers d'années ! D'autre part, les archives chaldéennes qui font état d'un Déluge marquent un changement dans les durées de vie des monarques postérieurs au Déluge, qui deviennent équivalentes aux nôtres.




 

Tablette cunéiforme trouvée à Mari

(upload.wikimedia.org
).



Très curieusement, on retrouve à peu près le même schéma avec les listes généalogiques de la Bible. En effet les patriarches de la Genèse antérieurs au Déluge auraient vécu pendant des centaines d'années, le record de longévité étant tenu par le fameux Mathusalem, un patriarche qui mourut à neuf cent soixante-neuf ans (Gn. 5, 27). Juste avant le Déluge, Dieu déclara que les hommes ne vivraient plus désormais que durant cent vingt ans (Gn. 6, 3). Après la catastrophe, les générations suivantes ont pourtant des durées de vies encore très longues : Sem, fils de Noé, mourut à six cents ans. Mais l'âge des patriarches postdiluviens se réduisit nettement, et au temps d'Abraham l'espérance de vie tourne autour de deux cents ans. Abraham lui-même mourut à cent soixante-quinze ans (Gn. 25, 7).

        Noé avait eu trois fils appelés Sem, Cham et Japhet, fondant ainsi une famille rescapée du Déluge qui serait à l'origine de toute l'Humanité. Leurs descendants se dispersèrent pour s'établir dans plusieurs régions, où ils bâtirent des villes auxquelles ils donnèrent leurs propres noms. Ainsi certains lieux géographiques que nous connaissons aujourd'hui semblent avoir un lien patronymique avec des personnages de l'Ancien Testament. C'est le cas par exemple de Canaan, de Saba, d'Assour, de Sidon et d'Elam, qui sont également des noms de personnes dans la généalogie biblique (Gn. 10).

L'un des descendants de Noé, Abraham, futur ancêtre de toute la lignée israélite, était originaire de Ur en Chaldée. Il suivit son père et sa famille qui partirent s'établir dans une ville nommée Harân. Abraham entendit à Harân un premier appel divin, qui l'invitait à quitter la maison paternelle pour se diriger vers une nouvelle terre. Il emmena sa femme Saraï ainsi que quelques personnes proches et se rendit en Canaan (Gn. 11, 31 – 12, 5).


Ur des Chaldéens


Jusqu'au XIXème siècle de notre ère, personne ne pouvait situer sur une carte les villes où Abraham et sa famille auraient séjourné. Depuis lors, de nombreuses missions archéologiques menées en Mésopotamie ont permis de les révéler. Parmi les sites fouillés, un lieu appelé Tell al-Muqaiyar, au sud de l'Euphrate terminal en Basse Mésopotamie, fut excavé en 1854 par le consul britannique John George Taylor. Il livra à côté des restes d'une massive ziggurat, plusieurs petits sceaux cylindriques inscrits en caractères cunéiformes. Ces inscriptions révélèrent le nom du roi sumérien qui avait fait ériger la tour : Ur-Nammu.

En 1923, l'archéologue Leonard Woolley revint sur le même chantier et dégagea au pied de la tour les vestiges d'une grande et riche ville de l'époque. Faisant alors le rapprochement entre le nom du roi Ur-Nammu et la ville biblique de "Ur en Chaldée", il identifia la ville de Ur au site de Tell al-Muqaiyar. Les ruines de l'antique cité de Ur constitueraient donc l'une des plus anciennes racines géographiques du peuple d'Israël.







Vestiges de l'ancienne Ur
(tabisite.com
).



Où se trouve la Harân biblique ?


             Cette question trouva sa réponse lorsque les restes d'une riche cité antique furent dégagés à Abu-Kemal, en Syrie. Ce que les pioches du professeur André Parrot révélèrent à partir de 1933, c’était l'ancienne capitale du royaume de Mari. Parrot et son équipe mirent à jour un immense et magnifique palais, qu'ils datèrent d'entre 2000 et 1700 av. J.-C., et dans les salles duquel ils trouvèrent une bibliothèque contenant 23 000 tablettes d'argile gravées. Leur déchiffrement allait permettre de reconstituer l'histoire de ce royaume, mais aussi de dévoiler quelques indices bibliques.

Au cours du patient travail de traduction de ces documents, sont apparus là aussi quelques noms de personnes et de lieux également cités dans la Genèse en tant que noms de personnes : Pelage, Serug, Nahor, Tharé et Harân (Gn. 11, 20-26). Il ressortait de cette documentation que la ville de Harân se trouvait au centre de la plaine d'Aram. De la même manière, on put également situer Nahor, ville natale de Rébecca, la future épouse de son fils Isaac.

On peut donc suivre les étapes du périple qu'emprunta le patriarche vers la terre où Dieu l'invitait à s'établir. Parti de Ur, il remonta les deux fleuves jusqu'à Harân, puis se dirigea vers la Méditerranée et l'attrayante plaine de Canaan.





Fresques du palais de Mari

(ancientneareast.net).


Site actuel de Haran

(2s.biglobe.ne.jp).









     
Références :

[1] - G. Roux : "La Mésopotamie". Seuil, Paris 1995.
[2] - L.J. Calvet : "Histoire de l'écriture". Plon, Paris 1996.
[3] - J.-E. Parisot : "Les Sumériens ou les origines de la civilisation" (home.nordnet.fr).
[4] - W. Keller : "La Bible arrachée aux sables". Famot, Genève 1975.











La suite : Abraham en Canaan



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