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La chute de Babylone

et la période post-exilique

(en.wikipedia.org)







     L'exil forcé du peuple de Juda prit fin lorsque l'empire néo-babylonien s'effondra à son tour, victime de l'expansion du royaume perse, en 539 av. J.-C. Le nouveau conquérant, Cyrus II le Grand, venait de l'Est et constituait alors le plus vaste empire qu'ait connu le monde antique auparavant. A son apogée, il allait intégrer la Perse, la Mésopotamie, le Proche-Orient, l'Egypte et l'Asie Mineure. L'immense royaume allait se maintenir pendant deux siècles.



Le retour au pays


            Le nouveau roi du Monde fit paradoxalement preuve d'une grande tolérance religieuse à l'égard des peuples qu'il avait soumis. Plusieurs documents bibliques et historiques présentent en effet Cyrus II comme un libérateur. Un "édit de Cyrus" apparaît dans deux livres bibliques (2 Chr. 36, 23 ; Esd. 1,2), document par lequel le roi perse autorise les Hébreux à retourner à Jérusalem et à y reconstruire leur Temple :

     "Yahweh, le Dieu du Ciel, m'a donné tous les royaumes de la terre ; il m'a chargé de lui construire une maison à Jérusalem qui se trouve en Juda. Quiconque d'entre vous appartient à son peuple, que Yahweh, son Dieu, soit avec lui et qu'il parte" (2 Chr. 36, 23).

 


 

Carte de l'empire perse sous Cyrus II.
(ot103.wordpress.com)

 


               Ce texte est à comparer à un document archéologique, le "cylindre de Cyrus", découvert à Babylone en 1879. Sur ce rouleau d'argile couvert de caractères cunéiformes est inscrite une longue déclaration du grand roi où il affirme avoir rendu la liberté à chaque peuple :

            "... J’ai ramené en leurs lieux les dieux qui vivaient en elles (les villes)..., j’ai rassemblé tous les habitants et leur ai permis de retourner dans leurs villes..." [1].





 

Le cylindre de Cyrus
(FreeStockPhotos.com).




La chute de l'empire babylonien et l'édit de Cyrus ayant dès lors rendu la liberté aux Juifs qui vivaient en exil, beaucoup d'Israélites présents à Babylone choisirent de rentrer à Jérusalem. Ils le firent lors d'un voyage mémorable, en formant une carvane de cinquante mille personnes conduites par le gouverneur juif Zorobabel et le grand-prêtre Josué.

            Les exilés de retour à Jérusalem trouvèrent la cité sainte à l'état de ruines. La ville nécessitait d'être reconstruite pour accueillir sa nouvelle population. On s'attacha d'abord à restaurer le Temple, mais l'hostilité des peuples voisins retarda les travaux pendant plusieurs années. ll fallut intervenir auprès du roi perse Darius pour que le Temple puisse être achevé et rendu au culte (Esdr. 1-6). De même, le mur d'enceinte de la ville avait besoin d'être réparé : ce fut la mission du gouverneur Néhémie, nommé par le roi perse Artaxerxès, que d'organiser sa reconstruction. Néhémie instaura un tour de rôle pour défendre le chantier et y travailler. A ce prix les travaux furent menés à leur terme et la capitale retrouva sa sécurité (Neh. 1-6).

            La période post-exilique est en même temps un moment de renouveau spirituel. Le scribe Esdras, grand réorganisateur du culte monothéiste, fonda la "Grande Assemblée" des sages (le futur Sanhédrin) chargée de gérer la vie religieuse. Esdras, qui présidait à la lecture publique de la Torah, fit traduire le texte en araméen à l’intention du peuple rentré de Babylone qui ne parlait plus l'hébreu. C'est en effet à partir de cette époque que l'araméen commença à remplacer l'hébreu dans le langage courant. La pratique de l’écriture évolua dans le même sens, puisque l'alphabet paléo-hébreu fit place à l'hébreu carré, une forme nouvelle inspirée de l'alphabet araméen.


La première Diaspora


            Toutes les familles juives n'optèrent pas pour le retour au pays après la chute de Babylone. Il se forma à l'étranger une première "diaspora" (dispersion), c'est-à-dire une implantation israélite durable dans de nombreux pays. Des communautés juives se stabilisèrent en Chaldée, en Asie Mineure, en Egypte, à Rome, en Perse et même en Ethiopie.

            Les conditions de vie des Israélites hors de leur patrie étaient supportables. Selon certains livres bibliques, il arriva même que des émigrés juifs fussent promus à de très hautes fonctions. Ainsi le livre de Daniel affirme-t-il que ce prophète devint le chef des satrapes (les gouverneurs de provinces) du roi de Perse Darius. Jalousé par ses pairs, Daniel fut victime d'un complot et jeté dans une fosse aux lions d'où il sortit miraculeusement indemne (Dn. 6).

            De même le livre d'Esther met-il en scène une jeune femme juive qui devint l’épouse du roi de Perse Assuérus. Elle sauva la communauté israélite de Suse d'un génocide, déclenché par le premier ministre Aman, en intervenant avec émotion auprès du monarque. Sa mémoire est à l'origine de la fête juive traditionnelle de Pourim.

            La figure du roi Assuérus est à peu près historique, car il est assimilé à Xerxès Ier qui séjourna à Suse. Cette cité fut profondément transformée par Darius Ier, qui se fit bâtir un somptueux palais achevé par son fils Xerxès Ier. Les vestiges de l’imposant monument ont été fouillés par Jean Perrot entre 1967 et 1979. Ils comprennent une grande enceinte, des terrasses, des cours, des salles à colonnes décorées de taureaux sculptés et une splendide frise représentant des archers en briques émaillées. La reine Esther a-t-elle vécu dans ce palais ? A-t-elle seulement existé ? Rien ne le prouve, mais la disposition de l'édifice peut cadrer avec le déroulement du drame [2].

            A côté de ces textes plus ou moins crédibles, la réalité de l'existence de colonies juives dispersées dans l’empire perse à partir du Ve siècle av. J.-C. est en revanche bien établie. Plusieurs auteurs antiques comme Strabon, Philon d'Alexandrie, Sénèque et Flavius Josèphe en témoignent. On en trouve également des traces sur le terrain, comme à Nippur où les fouilles ont livré les archives d'un établissement financier prospère appelé Murashu et qui travaillait avec des familles juives [3]. De même qu'en Egypte, un lot de papyrus nous informe qu’un temple dédié à Yahweh existait sur l'île d'Eléphantine au Ve siècle av. J.-C. [4]. Ces communautés juives éloignées se sont maintenues durant les siècles suivants.


La période hellénistique


           L'immense empire médo-perse constitué par Cyrus II et Darius Ier perdura jusqu'à ce qu'il fût à son tour brisé par le royaume de Macédoine. En 333 avant notre ère, Alexandre le Grand écrasa à Issos, en Asie Mineure, l'armée du puissant Darius III Codoman. Le roi vaincu fut poursuivi par Alexandre jusqu'en Perse, où il fut tué alors qu'il allait être capturé. Son vaste empire tomba tout entier aux mains du roi de Macédoine (330).






La bataille d'Issos. Mosaïque de Pompéi
(studyblue.com).




            Dans ce contexte, la région de Juda passa elle aussi sous la domination gréco-macédonienne. Deux livres bibliques successifs se font l'écho de l’histoire des Juifs durant la période grecque. A la mort d'Alexandre en 323, l'empire grec fut l'enjeu de guerres de succession qui aboutirent à son découpage en trois parties. Le général Ptolémée s’empara de l’Egypte et y fonda une dynastie de pharaons grecs, appelée ptolémaïque ou lagide, tandis que la Syrie tombait dans les mains du général Séleucus qui inaugura la dynastie des Séleucides. Le territoire hébreu fut rattaché à l'Egypte, alors que l’Egypte et la Syrie se disputaient les territoires du Levant.

            La culture grecque imprégna profondément l’empire d’Alexandre sous ses successeurs. Beaucoup de Juifs furent héllenisés et adoptèrent la langue grecque, les vêtements grecs et assistèrent aux spectacles et aux jeux importés de Grèce. Ils furent cependant libres de pratiquer leur religion même s’ils ne comprenaient plus l’hébreu. Alexandrie devint un foyer intellectuel majeur du judaïsme hellénistique.




Le roi de Syrie Antiochus IV Epiphane
(en.wikipedia.org).



     A la faveur d’une victoire militaire syrienne, en 197, Juda passa sous la coupe des rois séleucides. L’une des conséquences en fut l’abolition de la liberté de culte en 167, lorsque le roi de Syrie Antiochus Epiphane officialisa la religion hellénistique et imposa le culte des dieux grecs. Le Temple de Jérusalem fut profané par le sacrifice d’un porc à Zeus olympien. Des autels païens furent élevés partout en Palestine. Pour les Juifs de Juda restés fidèles au monothéisme, ces mesures étaient inacceptables et il n'en fallait pas davantage pour provoquer une révolte.

            L'insurrection fut déclenchée par le prêtre juif Mattathias Hasmon, qui provoqua un incident mortel lors d’une cérémonie païenne. Refusant de sacrifier aux dieux, il tua un officier syrien et s’enfuit dans les montagnes avec ses cinq fils. Dès lors, une résistance armée s'organisa à partir des régions montagneuses et le groupe fut rejoint par d’autres combattants. C'est la révolte dite des "Macchabées", appellation signifiant "le marteau" et venant du surnom donné à Judas, fils de Mattathias. Les insurgés commandés par Judas Macchabée menèrent une guérilla efficace. Gagnant peu à peu du terrain, ils réussirent à reconquérir Jérusalem, et en 164 av. J.-C. le culte monothéiste fut rétabli dans le Temple. La commémoration de cet évènement symbolique deviendra la fête juive de Hanouka.





Lampes à huile d'époque macchabéenne
(archaeological-center.com).



            Fort de ces succès, le dernier fils de Mattathias, Simon, obtint de la Syrie en 141 av. J.-C. le retrait des troupes d’occupation. Le pays hébreu libéré fut dès lors gouverné par les vainqueurs de l’insurrection, Simon et ses sucesseurs, qui prirent le titre de grands-prêtres et ensuite de rois : c'est la dynastie hasmonéenne.

            Jean Hyrcan, fils de Simon, poursuivit la reconquête du pays en s’emparant d’une partie de la Transjordanie, de la Samarie et de l’Edom. Sous son fils Alexandre Jannée, le royaume juif s’agrandit encore. Mais ces succès furent éphémères, car des dissensions apparurent bientôt dans la société juive ainsi que dans la famille royale. Les deux fils d’Alexandre Jannée, et Hyrcan II et Aristobule II, se disputèrent le pouvoir, et ce litige allait servir de prétexte aux Romains, présents dans la région, pour s’emparer de la Judée. En 63, Jérusalem fut prise par les troupes de Pompée, mettant fin à l’indépendance judéenne.






Références :


[1]
- J. Lendering : "Cyrus Cylinder" (livius.org).
[2] - T. Truschel : "La Bible et l'archéologie". Eds. Faton, Dijon 2010, p. 211.
[3] - M.D. Coogan : "Patterns in Jewish Personal Names in the Babylonian Diaspora". Journal of the Study of Judaism Volume 4, Issue 2, 1973, pages 183-191(booksandjournals.brillonline.com).
[4] - Cowley
A., editor and translator. Aramaic Papyri of the Fifth Century B.C. Oxford: Clarendon, 1923 (cité par K.C. Hanson).











La suite : La Bible des Septante

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