Ayant vécu jusqu'à l'âge de cent-soixante-quinze ans, Abraham
décéda. Il fut
enterré aux côtés de son épouse Sara dans un champ qu'il avait acheté
au
lieu-dit de Macphéla, à Hébron, à l'angle duquel se trouvait une grotte
naturelle qui leur servit de sépulture. Le tombeau d'Abraham et de sa
famille est évoqué
plusieurs fois dans la Genèse (23, 8-19 et 25, 9-10) :
"Après quoi Abraham enterra Sara, sa femme, dans la caverne
du
champ de Macphéla, en face de Mambré, qui est Hébron, au pays de Canaan
(...).
Abraham rendit l'âme (...). Isaac et Ismaël ses fils l'ensevelirent
dans la
caverne de Macphéla, dans le champ d'Ephron, fils de Mambré, le champ
qu'Abraham avait acheté des fils de Heth".
A Hébron, la
tradition locale conserve
depuis des millénaires un imposant monument qui abrite le tombeau
supposé
d'Abraham et de sa famille : le Haram-al-Khalil. Construit au Ier
siècle av.
J.-C. sous les ordres du roi Hérode le Grand, il est demeuré à peu près
intact
depuis sa construction. Transformé en mosquée au XIIème siècle, le
Haram-al-Khalil constitue aujourd'hui un haut-lieu des trois religions
monothéistes. Il est de nouveau placé sous la garde des musulmans et
son accès
est limité.
![](hebrontombeauabraham2.jpg)
Le sanctuaire
du Haram-al-Khalil
(en.wikipedia.org).
L'ouvrage se
présente comme un bâtiment
rectangulaire, dont les quatre faces aveugles évoquent davantage une
forteresse
qu'une tombe. L'intérieur se divise en deux vastes salles, l'une
aménagée en
mosquée et l'autre en synagogue. Elles renferment plusieurs cénotaphes,
c'est-à-dire
des cercueils symboliques ne contenant pas les corps. Les ossements
véritables
sont supposés se trouver dans la caverne de Macphéla, c'est-à-dire au
sous-sol.
Le dallage
intérieur du Haram-al-Khalil est sensé recouvrir la roche de
l'énigmatique
caverne. Il est percé de deux ouvertures scellées, qui constituent les
entrées étroites
de deux puits dont l'accès est strictement interdit. Qu'y a-t-il dans
ces puits
? Seules les archives historiques permettent d'en témoigner.
![](tombeabraham.JPG)
L'intérieur du Haram-al-Khalil
(bcpr.org).
Le document le
plus ancien qui en
fait état est le récit d'une exploration faite au temps des croisades,
en 1119,
par des moines augustins. Les religieux dormaient sur le sol à
l'intérieur du
sanctuaire, lorsque l'un d'eux nommé Arnoul sentit un léger courant
d'air
circulant entre deux pierres du dallage. On souleva alors les pierres,
et l'on découvrit
une ouverture qui s'enfonçait profondément dans la roche. Arnoul fut
désigné
pour y pénétrer le premier, et parvint à descendre jusqu'à une petite
salle
souterraine entourée de murs maçonnés. Cet espace était relié à couloir
long et
étroit, que le religieux suivit et qui le conduisit à une seconde
pièce. De
forme circulaire et de grandes dimensions, celle-ci était également
maçonnée. L'espace
était vide, mais l'une des pierres du sol l'intrigua. Le moine la
retira et
constata qu'elle communiquait avec une grotte naturelle dans laquelle
il
pénétra.
![](macphelagrotte.jpg)
Schéma des puits
abritant la grotte de Macphéla
(interbible.org).
A première vue,
la caverne semblait
exempte de tout objet mobilier. Mais Arnoul repéra bientôt quelques
ossements dispersés
dans la poussière du sol. Il aperçut également l'entrée d'une seconde
grotte,
dans laquelle étaient déposés d'autres ossements humains.
Sur l'une des
parois de la
première cave naturelle était gravée une inscription qu'il ne put
déchiffrer.
Les moines appelés en renfort creusèrent derrière elle, en vain, puis
ensuite
dans le mur qui lui faisait face : apparut alors une cavité dans
laquelle reposaient
une quinzaine de jarres de terre cuite qui contenaient les os de douze
personnes.
Les moines
attribuèrent ces restes
humains aux patriarches bibliques et à leurs descendants immédiats. Les
douze
personnes pouvaient être les douze fils de Jacob. Ces reliques furent
lavées dans
une jarre de vin et sorties pour être présentées au public dans des
reliquaires
; quelques-unes furent vendues à des pélerins tandis que d'autres
reprirent leur
place dans la sépulture.
Le sanctuaire
bénéficia ensuite
de quelques travaux destinés à en améliorer l'accès. On compléta le
puits
d'accès par le creusement d'un escalier, et la voûte de la pièce
circulaire par
le percement d'un puits étroit. Plus tard la tombe devait redevenir
interdite
d'accès lorsque le territoire fut repris par les musulmans en 1187.
![](hebron-cave-macphelah1.jpg)
Le sous-sol et la
grotte de Macphéla
(godssecret.wordpress.com).
La grotte de
Macphéla ne fut pas
rouverte avant 1967, lorsqu'à l'issue de la guerre des Six-Jours le
général israélien
Moshe Dayan tenta une nouvelle exploration, profitant d'une situation
locale
troublée. L'étroitesse du puits d'accès incita l'officier à engager une
fillette de douze ans à qui il fournit du matériel d'exploration. La
jeune
exploratrice se glissa courageusement dans l'ouverture et parvint à la
grande
pièce circulaire décrite jadis par les moines. Elle n'y vit que trois
dalles de
pierre, dont l'une était gravée d'un extrait du Coran. Elle retrouva
également
le long couloir dans lequel elle se faufila jusqu'à atteindre
l'escalier dont
l'extrémité était obturée.
La jeune
visiteuse ne réussit pas
à aller plus loin. Elle prit des mesures et des photos, ce qui permit
de
dresser un plan détaillé des lieux, sans avoir pu vérifier l'accès aux
caves ni
voir ce qu'elles contenaient [1][2].
Une dernière
exploration fut effectuée
en 1983 par le docteur Seev Jevin, directeur du Service des Antiquités
d'Israël, qui eut davantage de succès [3][4].
Il descella
de nuit et clandestinement la pierre qui bloquait l'escalier et pénétra
dans le
couloir jusqu'à atteindre la grande pièce circulaire. Dans le sol de
celle-ci il
repéra plusieurs pierres mal agencées. Les ayant retirées, il trouva
effectivement
l'entrée d'une grotte naturelle, sans doute la caverne de Macphéla.
Celle-ci ne
contenait rien d'autre que des gravats et de la poussière, mais donnait
accès à
une seconde pièce de forme ovale, où il trouva des tessons de poterie,
une
jarre de vin et quelques ossements.
![](macpelahgrotte2.jpg)
Escalier
descendant vers la grotte de Macphélah
(godssecret.wordpress.com).
| ![](macpelahgrotte1.jpg)
Vue
intérieure de la cave
(godssecret.wordpress.com).
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S'agissait-il
des dépouilles des
patriarches ? Un examen rapide des tessons de poterie montra qu'elles
dataient
de l'âge du fer. L'explorateur s'arrêta là, faute de pouvoir demeurer
plus
longuement sur place. En l'absence de preuves formelles, la question de
l'authenticité
des reliques de la famille d'Abraham enfouies sous le Haram-al-Khalil
reste ouverte.
La succession patriarcale
L'histoire
des patriarches après la mort d'Abraham se prolonge avec celle de ses
descendants. Lui et ses proches avaient mené une vie nomade et
pastorale : leurs
successeurs immédiats firent de même, et leur parcours est une
succession de
péripéties au travers desquelles le message divin se révèle peu à peu.
Le décès
d'Abraham faisait de son
fils Isaac l'héritier de ses biens et de sa connaissance du Dieu
révélé. Isaac
est surtout connu par l'épisode de son faux sacrifice, au cours duquel
Dieu fait
mine de demander sa vie en holocauste. Mais Isaac n'est pas
sacrifié et Abraham reçoit au contraire la bénédiction divine et la
promesse
d'une descendance nombreuse.
Isaac eut à son
tour deux fils, Esaü
et Jacob. Ce dernier s'appropria par une ruse le droit d'aînesse et la
bénédiction paternelle, devenant de ce fait l'héritier légitime
de la
future lignée. Jacob (également appelé Israël) eut lui-même douze fils
qui
devaient chacun former plus tard une tribu du peuple hébreu.
L'un des fils de Jacob,
Joseph, fut maltraité par ses frères et vendu comme esclave à des
marchands ismaélites.
Son transfert en Egypte fut paradoxalement une chance, car un destin
exceptionnel l'y attendait et allait permettre à sa famille de
s'établir en
Egypte pour plusieurs générations (Gn. 25-36).
Références :
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