Accueil
Thèmes
A propos
Contact
Liens
Rechercher
La conquête

  de Canaan 








            Moïse mourut au sommet du mont Nébo, à l'est de la mer Morte, après avoir contemplé le pays de Canaan dans lequel le peuple israélite devait s'établir. Josué fut désigné pour le remplacer à la tête du peuple hébreu et prendre possession du pays, la "Terre promise" offerte par Dieu à son peuple. Le livre de Josué rapporte le déroulement de la conquête militaire, et relate comment les villes cananéennes tombèrent entre les mains des Hébreux les unes après les autres.

            Les Israélites franchirent le Jourdain au nord de la mer Morte à la faveur d'un miracle par lequel Dieu interrompit l'écoulement du fleuve. Puis ils s'approchèrent de la cité de Jéricho et établirent leur campement à Gilgal, à l'est de la ville, lieu qui devint leur camp de base pour la prise du pays (Jos. 1, 4).

 

La première ville prise : Jéricho


            Les habitants de Jéricho redoutaient l'approche des Israélites et s'enfermèrent dans leurs murs. Josué envoya en reconnaissance deux éclaireurs qui pénétrèrent dans la ville avec la complicité d'une habitante nommée Rahab, prostituée de son état. Les deux espions furent pourtant repérés, mais Rahab les aida à s'enfuir par l'extérieur de la muraille, en échange de la promesse d'être épargnée lorsque la ville serait prise.

            Le célèbre épisode de la chute de Jéricho se fit à la suite d'un longue manoeuvre d'encerclement. Sur conseil divin, les Hébreux marchèrent plusieurs fois autour de la cité fortifiée à la manière d'une procession rituelle, en transportant l'Arche d'Alliance et en jouant de la trompette. Au septième tour, les remparts s'effondrèrent brutalement, et la ville tomba dans les mains du peuple d'Israël. Elle fut incendiée et ravagée, et ses habitants furent tués à l'exception de Rahab et de sa famille. Dieu avait interdit aux Israélites de s'emparer d'aucun butin (à part les objets métalliques) ni de réoccuper la cité qui fut vouée à l'anathème (Js. 6).

Les vestiges de l'ancienne Jéricho occupent un lieu-dit appelé Tell-es-Sultan, implanté à proximité de la ville actuelle et au pied des collines de Juda. Les premières fouilles y furent menées en 1909 par les Allemands Ernst Sellin et Karl Watzinger, qui dégagèrent une double muraille de briques ayant entouré la ville. En 1930, le professeur anglais John Garstang fouilla à son tour et mit en évidence les traces d'une destruction brutale de la cité ainsi que d'un violent incendie. Curieusement, l'enceinte extérieure s'était abattue à plat sur le talus en pente, entraînant avec elle l'enceinte intérieure qui lui était attachée par des habitations. A l'intérieur, des restes de magasins renfermaient de nombreuses jarres encore remplies de provisions de nourriture calcinées qui n'avaient manifestement pas été pillées. Aucun objet métallique ne fut en revanche retrouvé. Comment ne pas faire le lien avec le contenu du livre de Josué :

"La ville sera dévouée par anathème à Yahweh des armées, elle et tout ce qu'elle renferme" (Js. 6, 17) ; "Ils incendièrent la ville et tout ce qui s'y trouvait, sauf l'argent, l'or et tous les objets de bronze et de fer qu'ils remirent au trésor de la maison de Yahweh" (Js. 6, 24).

Garstang data l'époque de la catastrophe aux alentours de 1400 av. J.-C.. Il expliqua la chute des murailles par un fort tremblement de terre, ce qui est cohérent avec la situation géographique de Jéricho, implantée sur la grande faille tectonique du Levant où le risque sismique est élevé. Il n'est pas inconcevable qu'un fort séisme se soit produit juste au moment où les Israélites se trouvaient en face de ses murs.





Vue des tranchées de Jéricho
(eagle.wbcoll.edu/rfoster).



Rempart effondré de Jéricho
(ebibleteacher.com).



Cependant les fouilles effectuées à Jéricho posent un problème de date. Entre les années 1952 à 1958, l'archéologue britannique Kathleen Kenyon étudia le site de manière approfondie. Elle expérimenta à Jéricho une nouvelle méthode de fouilles élaborée par l'Ecossais Mortimer Wheeler. Loin des anciennes pratiques désordonnées et destructrices, la technique consistait à étudier minutieusement la stratigraphie du terrain en le découpant en carrés et en effectuant des relevés systématiques à chaque niveau [1]. On conservait ainsi une mémoire exacte de la disposition du site.

Kenyon conclut de ses travaux menés à Jéricho que la fondation de cette ville remontait au néolithique et qu'elle comptait parmi les plus anciennes villes du monde. Des vestiges de huttes et des outils de silex côtoyaient les premières habitations de briques. Une vieille tour circulaire de neuf mètres de diamètre semblait remonter à plus de 8000 ans avant notre ère, représentant le plus vieil ouvrage maçonné connu.

La destruction de la cité avait dû se produire vers 1550 av. J.-C., soit un siècle et demi plus tôt que Garstang l'avait estimé. Et comme il était clair qu'après sa destruction la ville ne fut plus habitée pendant des siècles, on en déduisit qu'au temps de Josué elle n'était déjà plus que ruines. Ce résultat rendait anachronique le récit biblique de la prise de Jéricho, puisque tous les historiens de la Bible plaçaient l'évènement entre 1450 et 1200 environ.

Depuis lors, un nouveau travail de datation effectué par Bryant Wood a conduit à "rajeunir" la fin de Jéricho pour la replacer aux environ de 1400 [2]. Il fit appel à la méthode du carbone 14 qui fut appliquée à des restes de nourriture retrouvés dans des jarres. La date obtenue est compatible avec le modèle de la conquête biblique, à condition d'adopter la chronologie "haute" qui situe l'entrée en Terre promise au XVème siècle avant notre ère. Actuellement, la controverse sur Jéricho n'est toujours pas close, quoique les spécialistes s'accordent tous sur le fait que la ville a bel et bien été détruite, incendiée et abandonnée [3][4][5].





L'archéologue Bryant Wood montrant
un ancien mur abattu de Jéricho
(bibleplaces.com).



Traces de destruction et d'incendie à Jéricho
(ljames1.home.netcom.com).




Les autres cités de la conquête


La prise de Jéricho laissait le champ libre à l’armée de Josué pour poursuivre sa campagne. La ville suivante prise après Jéricho fut Aï, dont les Hébreux s'emparèrent en attirant ses défenseurs dans une embuscade pendant qu'ils mettaient le feu à la cité.



 Carte de la conquête des villes du sud sous Josué
(image réalisée à partir de : aquarius.geomar.de/omc).


 

A la suite de ce nouveau succès, les Hébreux se tournèrent vers d'autres cités de la plaine de Canaan et continuèrent leur progression. On peut suivre sur la carte le vaste mouvement tournant opéré vers l'ouest et le sud par l'armée israélite. Tandis que les habitants de Gabaon faisaient spontanément leur soumission à Josué, les autres royaumes formèrent une coalition défensive contre Israël : Cananéens, Hittites, Amorites, Perizzites, Hivvites, Jébuséens. Tous furent battus à Gabaon lors d'une journée mémorable au cours de laquelle très curieusement "le soleil s'immobilisa" pour permettre la victoire complète d'Israël. Cinq des rois vaincus s'enfuirent et se cachèrent dans un trou de rocher, d'où on les tira pour les exécuter. Alors les cités privées de leurs dirigeants furent prises d'assaut et tombèrent les unes après les autres : Macéda, Libna, Lachis, Eglon, Hébron et Débir. Leurs habitants furent passés au fil de l'épée et leurs villes vouées à l'anathème.

Les combattants israélites se dirigèrent ensuite vers des territoires situés plus au nord. Là aussi une coalition s'était constituée à Mérom pour combattre Israël, mais elle fut attaquée à l'improviste par Josué et aussitôt anéantie. Les Hébreux s'emparèrent ensuite de la ville de Hazor, capitale de toutes ces principautés, et cette prise leur ouvrit aussi les portes de Madon, Séméron et Achsaph. La ville de Hazor fut livrée aux flammes tandis que les autres cités étaient préservées bien que leurs habitants fussent tués (Js. 8-11).


La violence dans l'Ancien Testament


        Tout lecteur de la Bible est inévitablement interpellé par ces récits de combats et d'exterminations, et ressent à juste titre un profond malaise. De fait, cette partie de la Bible pose un sérieux problème d'éthique. Si la conquête de Canaan fut réellement soutenue par le Dieu des Hébreux au prix du sang des populations autochtones, elle heurte l'idée que l'on se fait d'un Dieu bon et contredit même l'interdiction de tuer prescrite dans le Décalogue. Quel sens peut-on donner à ces pages de l'Ecriture ?

Une première attitude consiste à nier simplement la réalité des épisodes violents de la Bible, et à supposer que les premiers Israélites furent un peuple pacifique. Ce choix laisse du même coup planer le mystère sur les véritables faits.

Une lecture plus attentive des livres bibliques fournit d'autres réponses partielles à ce problème épineux. La première est la promesse divine faite jadis à Abraham de donner ce territoire à sa descendance (Gn. 15). En second lieu sont mises en cause les moeurs des habitants de Canaan, qui par leurs fautes morales et leurs pratiques occultes s'étaient condamnés eux-mêmes devant Dieu : idolâtrie, sorcellerie, orgies, sacrifices d'enfants et anthropophagie (Dt. 18 ; Sg 12). La troisième raison invoquée est l'influence permanente du paganisme sur les Israélites, dont la mission était précisément de perpétuer le monothéisme et les Lois de Moïse (Dt. 7 ; Dt. 20). Enfin, une approche plus spirituelle intégrant la croyance en l'Au-delà peut permettre d'envisager un Dieu bienveillant dans une perspective d'éternité.

Plus tard le christianisme résoudra le problème en instaurant une "nouvelle alliance" entre Dieu et l'humanité toute entière, invitée à construire une paix universelle au nom de Jésus-Christ. La révélation du message divin, transmise en premier lieu à Israël, devait ensuite prendre une dimension universelle.


L'interprétation des données

 

Ces questions de fond n'empêchent pas de chercher à savoir si les récits du livre de Josué sont véridiques, en interrogeant le terrain et les vestiges archéologiques. Des restes de certaines villes cananéennes l'époque présumée de la "conquête" se sont conservés. C'est le cas de la cité de Hazor, dont les fouilles indiquent qu'elle fut effectivement pillée et brûlée au début du XIIIème siècle avant notre ère ; Cela se vérifie également pour Lachis et Débir, détruites elles aussi vers 1230 av. J.-C. [6]. En revanche, les vestiges des autres cités n'ont pas livré de traces de destruction visibles correspondant à cette époque.

Pour cette raison, un certain nombre d'archéologues émettent aujourd'hui de sérieuses réserves quant à la réalité historique de la conquête de Josué. C'est la position de l'école dite "minimaliste", aujourd'hui majoritaire et représentée entre autres par le professeur Israël Finkelstein, de l’Université de Tel Aviv [7]. Selon lui l’histoire de la conquête de Canaan par les Israélites est un mythe inventé tardivement. Le scepticisme de ce courant de pensée est justifié par le manque de traces de destructions violentes dans les ruines de plusieurs cités, et au constat que les périodes d'occupation, à l'exemple de Jéricho, sont souvent incompatibles avec le livre de Josué. La conclusion est que la conquête biblique de Canaan par le peuple hébreu n'est qu'une pure légende.

Cette position peut toutefois être nuancée si l'on remarque que dans le récit de conquête du livre de Josué la destruction des villes n'est pas systématique, le fait que certaines cités ayant été épargnées pouvant expliquer l'absence de trace de dévastation.

Tous les archéologues reconnaissent en revanche que la Palestine connut au XIIIème siècle av. J.-C. une transition culturelle importante. Les couches archéologiques montrent les signes d'une "crise de civilisation", au cours de laquelle une culture laisse progressivement la place à une autre [8]. Le nouveau mode de vie qui se met en place en Canaan est plus primitif que l'ancien, la tendance étant à la désorganisation et à la nomadisation.

La transition culturelle, nettement perceptible dans les résultats des fouilles, se produit d'abord dans les régions montagneuses de l'est, éloignées du littoral [9]. On constate sur le terrain que la nouvelle société possède ses caractéristiques propres. Ainsi, le plan intérieur des habitations présente des piliers et des cours intérieures selon une disposition appelée "maisons à quatre pièces". Les demeures sont parfois accolées entre elles pour former une sorte d'enceinte ovale, comme à Izbet-Sartah, évoquant le schéma d'un enclos agricole fermé.

 



Habitation israélite de l'âge du fer à Izbet-Sartah
(bib-arch.org).

 

 

            Ces changements sont compatibles avec l'idée d'un repeuplement des terres cananéennes par de nouveaux groupes humains, mais les chercheurs actuels ne l’attribuent pas à l'arrivée d'un peuple hébreu guerrier venu de l'extérieur. Mais si les nouveaux immigrants installés en Canaan au XIIIème siècle av. J.-C. ne sont pas les Hébreux conduits par Josué lors d'une guerre d'invasion, comment expliquer les changements observés sur le terrain ? Plusieurs modèles d'implantation différents ont tenté d'expliquer l'émergence en Canaan d'un nouveau mode de vie sans conquête militaire. L'archéologue américain William Dever, par exemple, estime que la nouvelle culture est celle d'un peuple originaire de la plaine cananéenne qui aurait migré vers les collines de l'est [10]. Pour Finkelstein, le peuple qui s’installa en Palestine serait plutôt constitué de groupes diffus de pasteurs nomades et non violents. D'autres scénarios ont été proposés, tels une révolte paysanne ou une infiltration pacifique [11]. Ces modèles plus ou moins convaincants ont pour point commun le rejet de la conquête de la Terre promise telle que la Bible nous la décrit.





Fouilles de Hazor

(christiananswers.net).



Monolithes très anciens trouvés à Hazor
(jewishmag.com).

 


La stèle de Mineptah


            L'identité nominative du peuple nouvellement installé en Canaan au XIIIème siècle av. J.-C. n'apparaît pas de façon explicite dans les fouilles effectuées en Israël. C'est vers l'Egypte qu'il faut se tourner pour obtenir des informations complémentaires. Un élément majeur relatif à l'émergence d'Israël en Canaan a été découvert en Haute-Egypte, dans une nécropole royale implantée à l'ouest de Thèbes. En fouillant en 1896 les ruines du temple funéraire du pharaon Mineptah, l'archéologue anglais Flinders Petrie exhuma une imposante stèle de granite, haute de plus de trois mètres et gravée d'un long texte hiéroglyphique. Elle porte une déclaration du roi d'Egypte dans laquelle le monarque affirme avoir anéanti plusieurs Etats de Syrie-Palestine, parmi lesquels celui d'Israël [12]. Le passage concerné se lit de la manière suivante :


            "Leurs chefs se prosternent et implorent la paix :
            Canaan est dévasté,
            Askhelon est vaincu,
            Gezer est prise,
            Yenoam est annihilé,
            Israël est dévasté, sa semence n'est plus,
            la Syrie est devenue veuve pour l'Egypte
            et tous les territoires ont été pacifiés".





La stèle du  pharaon Mineptah
(fontes.lstc.edu/~rklein)
.



Le mot Israël figure en écriture hiéroglyphique
(homestead.com/wysinger)
.


Il s'agit de la plus ancienne mention du mot "Israël" apparaissant dans un document non biblique. La traduction correcte du mot "Israël" ne fait aucun doute, car il est suivi d'un groupe de hiéroglyphes déterminatifs signifiant "peuple" (un homme et une femme, plus trois traits). Mineptah, successeur immédiat de Ramsès II, régna de 1213 à 1203. Cette pierre est auto-datée de l'an 5 de son règne, c'est-à-dire vers 1208 avant notre ère. Elle atteste par conséquent qu'à cette date, les Israélites étaient déjà présents en Palestine en tant que groupe ethnique.

Un détail particulièrement significatif figure sur l'inscription et accroît encore son intérêt. A la différence d'Israël, les noms des autres peuples cités dans le même texte sont suivis du signe déterminatif du territoire (hiéroglyphe figurant trois collines). Ainsi, il est clair que le scribe a délibérément fait la différence entre les peuples déjà établis et le peuple israélite encore migrant. Force est donc de reconnaître la présence historique d'un groupe de nomades appelé Israël en Orient à la fin du XIIIème siècle [13].




Le pharaon Mineptah s'emparant d'une cité.
Temple de Karnak
(memphis.edu).


            Un autre document du même type mais moins connu a été également retrouvé en 2001 par l'Allemand Manfred Görg, dans les réserves du musée égyptien de Berlin [14]. L'objet est un bloc de granite ébréché qui semble provenir du socle d'une statue. Il porte trois cartouches dans lesquels figurent en caractères hiéroglyphiques les noms de trois territoires : Ascalon, Canaan et probablement Israël. Ce dernier nom est incomplet à cause d'une rupture de la pierre, mais identifiable sans trop de risques d'erreur quoique l'orthographe diffère légèrement de celle de la stèle de Mineptah. Bien que l'on ignore la provenance de ce bloc, l'estimation de son âge place sa confection probable entre le XVème et le XIIIème siècles avant notre ère.

 




Fragment de socle de statue mentionnant
vraisemblablement le nom d'Israël
(biblearchaeology.org).




Les lettres d'Amarna

 

D'autres éléments utiles au débat sur l'apparition d'Israël au proche-Orient se trouvent également en Egypte, dans la cité égyptienne de Tell el-Amarna qui fut fondée par le pharaon Aménophis IV-Akhenaton (1353-1338 av. J.-C.). Cette capitale égyptienne éphémère fut bâtie pour promouvoir une religion monothéiste inédite consacrée au dieu solaire Aton. .). Cette capitale égyptienne éphémère fut bâtie pour promouvoir une religion monothéiste inédite, consacrée au dieu solaire Aton, et représente le seul moment où l'Egypte pharaonique adopta une forme de monothéisme. A la mort d'Akhenaton, le clergé d'Amon à Thèbes profita de la succession du jeune Toutankhamon pour rétablir le culte traditionnel.

En 1887, une paysanne exhuma par hasard à Tell el-Amarna une grande quantité de documents anciens, constituée de près de quatre cents tablettes d'argile recouvertes de caractères cunéiformes gravés. Ces documents de provenance asiatique, inscrits en akkadien, constituent la correspondance échangée par le roi Akhenaton avec ses vassaux du Proche-Orient. Il s'agit essentiellement de lettres envoyées par les roitelets cananéens, qui se plaignaient d'être exposés aux attaques de leurs voisins et demandaient l'intervention du puissant roi d'Egypte.






Une des lettres d'Amarna,
écrite en caractères cunéiformes
(bible-history.com)
.



Quelques-unes de ces lettres viennent de Jérusalem, dont le roi est menacé d'une invasion de Canaan par des "Sheshou" venant de Transjordanie et qui auraient contourné Jérusalem en menaçant de prendre la ville. L'une des tablettes indique que la ville a finalement été prise, et son roi tué. Le nom de Jérusalem est écrit sous la forme Uru-Salim, ce qui signifie "cité de Salim" selon son appellation première, et son roi porte un nom hittite, Abdi-Khepa [15][16]. Une autre tablette assez fragmentaire semble citer le nom d'un certain Josué, dans un contexte difficile à préciser.

Les envahisseurs décrits dans les lettres d'Amarna seraient-ils les colons israélites ? D'après le livre des Juges, Jérusalem fut effectivement prise par les Hébreux une première fois peu après la mort de Josué (Jg. 1, 8). Si le siège de Jérusalem dont parlent les archives d'Amarna est réellement le fait des Hébreux, cela situe leur invasion de Canaan autour de 1350 av. J.-C., date qui plaide pour une chronologie relativement ancienne de la conquête, c'est-à-dire sous la XVIIIème dynastie.

           

La répartition du territoire entre les tribus

 

Si Josué a beaucoup guerroyé, il est loin d'avoir achevé de son vivant la conquête de la Terre promise. L'un de ses derniers actes fut d'ordonner le découpage du territoire cananéen en douze parts, chacune revenant à l'une des tribus israélites constituées des descendants des fils de Jacob. Plusieurs chapitres du livre de Josué énumèrent les villes et les lieux-dits du pays et en précisent l'attribution à l'une des différentes tribus, selon une carte de Canaan qui peut être reconstituée. Ce découpage géographique devait servir de modèle pour l'organisation administrative du pays (Js. 13-21). 



Carte des territoires des tribus d'Israël
(cai.org).









Références :

[1] - T. Truschel : "La bible et l'archéologie". Eds. Faton, Dijon 2010, p. 89.
[2] - B. Wood : "Did the Israelites conquer Jericho ? A new look at the archaeological evidence". Biblical Archaeology Review, March/Apr. 1990, Vol. 16, No 2, pp.44-58 (biblearchaeology.org).
[3] - P. Bienkowski : “Battle Over Jericho Heats Up Jericho was Destroyed in the Middle Bronze Age, Not the Late Bronze Age”. Biblical Archaeology Review, Sept.-Oct. 1990, Vol. 16, No. 5, pp. 45-46.
[4] - B.G. Wood : “Dating Jericho’s Destruction : Bienkowski is Wrong on all Counts”. Biblical Archaeology Review, (Sept.-Oct. 1990), Vol. 16, No. 5, pp. 45-49, 69.
[5] - Z. Zevit : ”Archaeological and Literary Stratigraphy in Joshua 7-8”. Bulletin of the American Schools of Oriental Research, No 251 (Summer 1983), pp. 23-35.
[6] - Z. Zevit : ”Archaeological and Literary Stratigraphy in Joshua 7-8”. Bulletin of the American Schools of Oriental Research, No 251 (Summer 1983), pp. 23-35.
[7] - I. Finkelstein et N. Silberman : "La Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l'archéologie". Bayard, Paris 2002.
[8] - P. de Miroschedji : "Terre promise, conquête de légende". La Recherche n° 391, novembre 2005.
[9] - A. Zertal : "Israel Enters Canaan-Following the Pottery Trail”. Biblical Archaeology Review, 17 No 5, 28-49, 75, 1991 (wwuheiser.com).
[10] - W.G. Dever : "Aux origines d'Israël. Quand la Bible dit vrai". Bayard, Paris 2005.
[11] - G.E. Mendelhall : “The Hebrew Conquest of Palestine”. The Biblical Archaeologist, Vol. 25, No. 3 (Sept. 1962), pp. 66-87.
[12] - M.G. Hasel : “Israel in the Merneptah Stela“. Bulletin of the American Schools of Oriental Research, No. 296 (Nov. 1994), pp. 45-61.
[13] - R.D. Miller II : “Identifying Earliest Israel”. Bulletin of the American Schools of Oriental Research, No. 333 (Feb. 2004), pp. 55-68.
[14] - P. Van der Veen, C. Theis, M. Görg : "Israël in Canaan (Long) Before Pharaoh Merenptah ? A Fresh Look at Berlin Statue Pedestal Relief 21687". Journal of Ancient Egyptian Interconnections, Vol. 2:4, 2010, 15-25 (ia700308.us.archive.org).
[15] - "El Amarna Letters. Could these tablets contain records of Joshua and the Hebrews conquering the land of Canaan ?" (bible-history.com).
[16] - J. Orr : "The Jebusites - Encyclopedia" (bible-history.com).










La suite : Un autel sur le mont Ebal ?



Accueil    Thèmes     A propos    Contact     Liens     Rechercher