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David,  

 roi d'Israël  








 

Le jeune berger nommé David, devenu chef de guerre, fut couronné roi à la place de Saül par le prophète Samuel. Se montrant plus fidèle aux commandements divins que son prédécesseur, le nouveau monarque s’installa d'abord à Hébron, puis il s'empara de Jérusalem alors occupée par le peuple jébuséen. David fit de Jérusalem sa capitale, la déclara ville sainte et y fit entrer l'Arche d'Alliance.

            Le règne de David est connu pour sa renommée de gloire politique et militaire, associée à une piété sans faille envers le dieu Yahweh. Il commit cependant une grave faute en s'appropriant une femme, Bethsabée, dont il fit périr le mari. Dieu ne laissa pas ce forfait impuni et suscita au roi des ennemis étrangers, ce qui provoqua des guerres répétées. Cependant Israël fut chaque fois vainqueur et David en profita pour étendre son territoire. Ainsi le roi d'Israël soumit-il une grande partie de Canaan et battit également les Philistins, les Syriens, les Edomites, les Moabites, les Ammonites et les Amalécites. David noua une alliance avec un roi phénicien, Hiram de Tyr, avec qui il entretint d'étroites relations diplomatiques et commerciales.

            Sa politique intérieure est marquée notamment par une révolte fomentée par l'un de ses fils, le rebelle Absalom, qui tenta un coup d'Etat mais échoua. L'héritage spirituel de David compte une contribution personnelle au contenu littéraire de la Bible, puisqu'on lui attribue la rédaction d'une grande partie du livre des psaumes, recueil de prières poétiques qu'il prononçait accompagné de sa harpe (2 Sm.).


Données archéologiques


             Les historiens de la Bible placent traditionnellement le règne de David au début du Xème siècle avant notre ère, entre 1010 et 970 environ.

          Des recherches récentes ont pourtant remis en question l'importance du premier Etat hébreu. Beaucoup d'archéologues pensent aujourd'hui que le royaume israélite, pour autant qu'il ait existé, devait se limiter à un domaine beaucoup moins étendu et puissant que la description qu'en font les Ecritures.

 

 

 Les guerres de David
(yahwehsword.org).


         

            Plusieurs raisons expliquent cette prise de distance actuelle des érudits à l'égard du texte biblique. D'abord l'existence du royaume d'Israël manque de citations dans les archives étrangères. De plus, la répartition des traces de la présence israélite sur le territoire hébreu de l'époque montre une habitat épars et très réduit qui signe une population peu nombreuse. Enfin, la ville de Jérusalem avait sans doute peu d'importance et se limitait à un modeste village fortifié.

            La démographie de la population israélite au Xème siècle a été évaluée à partir de la répartition des restes d'habitations. Le plan caractéristique de leurs maisons comprend souvent quatre pièces et une cour intérieure délimitées par des piliers. Elles sont parfois accolées entre elles pour former un enclos, comme dans un campement pastoral. Au Xème siècle, la répartition de leurs ruines dans la partie sud d'Israël qui entourait la capitale montre que la population ne dépassait pas cinq mille habitants, contrairement aux Etats voisins nettement plus peuplés.


 

 Maison à quatre pièces israélite
(hadashot-esi.org.il).

 

            Ces résultats ont semé le doute auprès d'une majorité de chercheurs quant à l'existence du royaume de David tel qu'il est rapporté dans la Bible, et ce sujet fait désormais l'objet de discussions passionnées au sein du monde universitaire. Nous évoquerons quelques éléments du dossier dont certains sont parfois oubliés ou rarement pris en compte dans le débat.

Depuis 1993, une inscription témoigne incontestablement de l'existence dans l'Antiquité d'un monarque israélite nommé David. Il s'agit d'une stèle de basalte découverte à Tel Dan, dans le nord du pays, par Avraham Biran, archéologue au Hebrew union College de Jérusalem. Le bloc était inséré en réemploi dans ce qui reste d'un mur de l'ancienne ville. De forme initialement carrée mais retrouvé brisé en plusieurs morceaux, il comporte un court texte de treize lignes gravé en araméen. L'inscription a été traduite par le professeur français André Lemaire, épigraphiste à l'Ecole des Hautes Etudes de Paris, et signifie : "... j'ai tué Achaz-Yahu, fils de Joram, roi de la maison de David". L'auteur de l'inscription est apparemment le roi Hazaël de Damas, un monarque qui vécut postérieurement à David au IXème ou du VIIIème siècle avant notre ère [1][2].

L'expression "maison de David" qu'expriment les lettres BYTDWD (Beyt David) peut se comprendre par "dynastie royale dont David est le premier roi", comme c'est le cas pour d'autres inscriptions de l'époque. De plus, les autres monarques mentionnés sur la stèle de Tel Dan figurent bien dans la généalogie biblique. Ce document constitue la plus ancienne référence extra-biblique au roi David. Depuis cette découverte, la réalité d'un ancien royaume de David est désormais généralement admise, bien que son étendue géographique et son importance politique demeurent discutées.




La stèle de Tel Dan
(interbible.org).


     

La prise de Jérusalem - le puits de Warren

 

            Au tournant du premier millénaire avant notre ère, Jérusalem était une simple bourgade implantée sur l'une des collines arides de la longue chaîne montagneuse nord-sud qui sépare la grande plaine côtière méditerranéenne de la vallée du Jourdain. L'agglomération primitive se concentrait sur la pente sud de l'actuel mont du Temple, limitée à l'est par la vallée du Cédron et au sud-ouest par celle du Tyropéon. La première ville que l'on nomme aujourd'hui "Cité de David" ne présentait pas un intérêt stratégique particulier.

            Un épisode de la mise en place du royaume de David semble avoir trouvé une illustration sur le terrain. Le second livre de Samuel évoque la prise de Jérusalem par le roi d'Israël alors que la ville était occupée par le peuple jébuséen, évènement évoqué brièvement par un seul verset au contenu peu explicite (2 Sm. 5, 7-8) :

"David s'empara de la forteresse de Sion, qui est la cité de David. Et David dit en ce jour-là : Quiconque veut frapper le Jébuséen, qu'il atteigne le canal".

Le sens de ce texte, incompréhensible à première vue, fut élucidé par le capitaine britannique Charles Warren en 1867. Le "canal", ou "tunnel" (tsinnor en hébreu), est un passage souterrain qui relie l'intérieur de la ville à une source d'eau extérieure, et qui servit probablement aux Israélites pour pénétrer à l'intérieur des murs et soumettre la ville forte. Sa redécouverte fut le résultat d'une aventure périlleuse.

Warren découvrit le passage en visitant la source du Gihon, ou fontaine de la Vierge, un point d'eau qui coule dans la vallée du Cédron en contrebas de la ville. On y accède par un court escalier abrité sous une vieille voûte, et descendant vers une grotte qui recueille les infiltrations d'eau de pluie. Lorsque Warren la visita, son attention fut attirée par un trou sombre qui s'ouvrait dans le plafond de cette cave. N'ayant obtenu aucun information à ce sujet, il y revint muni d'une échelle et d'une corde, et se hissa dans la cheminée verticale. Il gravit quinze mètres d'un conduit abrupt, à l'extrémité duquel le passage se poursuivait par une galerie inclinée. Il la suivit jusqu'à atteindre un escalier qui remontait vers l'intérieur d'une longue salle voûtée dont le sol était jonché de poteries. Cette salle était située en plein coeur du quartier le plus ancien de la ville, appelé au jourd'hui la cité de David. Warren sortit facilement à l'air libre par une discrète fissure [3].






Le puits de Warren
(larryavisbrown.homestead.com)
.


Coupe du puits de Warren
(bible.gen.nz).



         On pensait encore récemment que le puits de Warren ne datait que des environs de l'an 1000 av. J.-C.. En fait il s'avéra qu'il était même beaucoup plus ancien, car des prélèvements de la croûte calcaire faits dans la paroi du puits et analysés par le géologue Dan Gill, de la Commission Geologique d'Israël, donnèrent une composition isotopique exempte de carbone 14, ce qui implique un âge de plus de 40 000 ans [4]. Autrement dit, la partie verticale du conduit est probablement le résultat d'une longue érosion naturelle.

En 1995, des travaux d'aménagements effectués dans la galerie de Warren afin de la rendre plus facilement accessible, révélèrent par hasard un nouveau passage inconnu. Les chrecheurs Ronny Reich et Eli Shukron, du Service des Antiquités d'Israël, explorèrent ce boyau qui reliait directement la partie inclinée de la galerie à un bassin extérieur plus proche de la source du Gihon, en évitant le puits vertical. Son accès extérieur était jadis protégé par une tour de défense dont les vestiges furent découverts à cette occasion. Les céramiques trouvées dans ce tunnel ont également donné un âge très ancien, remontant au moins au XVIIIème siècle av. J.-C.. Ce système de galeries était sans doute déjà en place lorsque les hommes de David pénétrèrent dans la cité [5].

 

Le palais de David

 

Le débat sur l'existence et l'importance historique du royaume de David a été alimenté en 2005 par une découverte architecturale majeure effectuée à Jérusalem. Il s'agit rien de moins que des vestiges supposés de sa résidence principale, dont la mise au jour fut le fruit d'un patient travail de détective qui mérite d'être relaté en détail.

Dans le deuxième livre de Samuel, il est écrit que lorsque David s'installa dans Jérusalem, il se fit construire une résidence royale :

"David s'établit dans la forteresse, qui fut appelée "cité de David", et David bâtit alentour, depuis Mello, et à l'intérieur. Et David allait toujours grandissant, et Yahweh, Dieu des armées, était avec lui. Hiram, roi de Tyr, envoya à David des messagers, avec des bois de cèdre, des charpentiers et des tailleurs de pierre d'appareil, qui bâtirent une maison à David" (2 Sm. 5, 9-11).

La maison bâtie pour David selon ce verset devait être sans doute une somptueuse demeure, qui fut l'objectif de nombreuses recherches archéologiques longtemps restées infructueuses. Le bâtiment devait a priori se trouver dans la partie de Jérusalem correspondant à ce qu'elle était au temps des Jébuséens, et appelée aujourd'hui cité de David. Les fouilles conduites à l'intérieur de ce périmètre par le professeur israélien Yigal Shiloh, l'Université hébraïque de Jérusalem, ne révélèrent pourtant aucun vestige susceptible de s'apparenter à un palais royal antique. Le prestige du grand monarque ne semblait décidément pas devoir sortir du domaine de la légende.

C'était sans compter avec la perspicacité d'une jeune archéologue israélienne, Eilat Mazar, qui rêvait depuis longtemps de mettre au jour les restes de l'hypothétique palais. Née d’une famille d’archéologues, elle avait étudié l'architecture phénicienne avant de se recentrer sur les fouilles de l'ancienne Jérusalem.





Plan de Jérusalem
(bible-history.com).



Situation du palais sur une hauteur de la ville
(leaderu.com ; © Leadership U.).




Eilat Mazar avait participé aux recherches effectuées à l'intérieur de la cité de David. Elle se persuada pourtant qu'on n’avait pas fouillé au bon endroit, car plusieurs indices suggéraient selon elle qu’il fallait chercher le bâtiment non pas dans le périmètre de la cité de David, mais plutôt à l’extérieur et au nord de celle-ci [6].

Pourquoi le palais devait-il se trouver en-dehors de l'enceinte ? D’abord à cause d’un détail topographique fourni par le second livre de Samuel. Lorsque le roi David s'installa à Jérusalem, il fut menacé par une attaque philistine et alla se mettre à l'abri en "descendant vers la forteresse" (2 Sm. 5, 17). S'il descendait vers la cité fortifiée, le verset pouvait sous-entendre que la résidence royale était bâtie à l'extérieur et en hauteur par rapport à l'enceinte.

Un autre indice fut fourni par d'anciennes fouilles qui avaient été conduites dans les années 1960 par l’archéologue britannique Kathleen Kenyon. Sur le flanc nord-est de la colline où la cité jébuséenne était bâtie, elle avait dégagé un important mur de soutènement curieusement assemblé en forme d'escalier. Cette structure particulière devait logiquement soutenir un monument important ayant justifié sa construction. Elle datait selon toute apparence du Xème siècle av. J.-C., précisément de l’époque supposée de David.

Mais l'élément le plus déterminant pour Eilat Mazar fut la dernière conversation qu’elle eut en 1995 avec son grand-père, l’archéologue Benjamin Mazar. Il lui révéla que Kathleen Kenyon avait également trouvé au pied du mur en escalier plusieurs grosses pierres de taille, et notamment un volumineux chapiteau de colonne d'un mètre cinquante de long sculpté avec des motifs d'ornements enroulés en spirale. Mazar alla consulter les archives de Kenyon et reconnut dans ce bloc le style "proto-éolique", ou "proto-ionique", caractéristique des constructions de l'ancienne Phénicie.





Sommet de colonne de style phénicien
(bib-arch.org).



Dès lors les éléments du puzzle prirent tout leur sens. L'indice d'une origine phénicienne permettait de faire le lien avec l'Ancien Testament, du fait que le palais biblique de David aurait précisément été l'œuvre du Phénicien Hiram de Tyr. La résidence davidique porterait ainsi la marque de ses bâtisseurs. Les pierres trouvées en bas de l'escarpement avaient dû tomber d'un édifice construit au sommet et au nord de la cité de David. Il parut désormais clair qu’il fallait mener les fouilles de ce côté-là.

La jeune archéologue, décidée à ouvrir un nouveau chantier de fouilles à cet emplacement, se mit en quête d'un financement auprès de divers organismes. Après dix ans de démarches infructueuses, elle reçut enfin le soutien financier d'un institut de recherches sur la culture juive appelé le Centre Shalem et installé à Jérusalem. Le nouveau chantier archéologique fut ouvert en 2005 au nord de l’ancienne cité de David.


 

 Plan de Jérusalem et de la cité de David
(womeninthebible.net).




Les résultats ne se firent pas attendre. Quelques centimètres sous la surface du sol on découvrit les restes d'une luxueuse construction d’époque byzantine qui intégrait un splendide sol en mosaïque. Sous ce niveau se révéla une résidence de la fin du premier siècle comprenant plusieurs bassins rituels. Enfin apparut une structure assemblée en plus gros appareil.

Les fouilleurs dégagèrent des murs d’une épaisseur impressionnante (jusqu’à cinq mètres) qui se prolongeaient dans plusieurs directions. L'ensemble devait occuper une vaste surface et constituer un édifice de très grande taille, que des tessons de poterie permirent de dater des alentours de l’an 1000 av. J-C. [7][8][9]. D'autres objets furent également exhumés, notamment des sceaux d'argile, et la période d'occupation du bâtiment se prolongeait même longtemps après le Xème siècle. Les objets exhumés témoignaient clairement d'un contexte hébreu, dont des sceaux qui portaient les noms et titres de deux serviteurs du roi de Juda Sédécias cités dans le livre de Jérémie (37, 3).






Sceau de terre cuite
(leaderu.com).



La fonction de l'édifice dégagé restait encore à confirmer. De toute évidence, sa construction avait dû nécessiter de très gros moyens que seul un Etat puissant permettait d'envisager. Dans ce contexte, le palais biblique du roi David apparaissait donc comme le candidat idéal dans l'identification du monument.

La découverte de ce bâtiment a rendu une certaine crédibilité aux récits des premiers temps de la monarchie israélite. Même si rien ne prouve que ces murs sont effectivement ceux du palais royal évoqué dans la Bible, leurs dimensions imposantes démentent l'idée selon laquelle Jérusalem n'était qu'un village insignifiant au Xème siècle. Les premiers rois d'Israël ont ainsi retrouvé un monument à la dimension de leur renommée.










Références :


[1] - "David found at Dan. Inscription crowns 27 years of exciting discoveries". Biblical Archaeology Review 20:02, Mar/Apr. 1994 (cojs.org).
[2] - D. Danzig : "Tel Dan Stele, c. 840 BCE" (cojs.org).
[3] - W. Keller : "La Bible arrachée aux sables". Famot, Genève 1975.
[4] - "Jérusalem aux temps bibliques, que révèle l'archéologie ?" (pensees.bibliques.over-blog.org).
[5] - R.Reich, E. Shukron : "Light at the End of the Tunnel". Biblical Archaeology Review, Jan/Feb 1999.
[6] - E. Mazar : "Excavate King David’s Palace". Biblical Archaeology Review, January/February 1997, pp. 50-57, 74.
[7] - E. Mazar : "Did I find David’s Palace ? " Biblical Archaeology Review, January/February 2006, pp. 16-27, 70.
[8] - R. Ginsberg : "Jérusalem est-elle vraiment juive ?" (lamed.fr).
[9] - H. Moore Sarah : "Is It the Palace of King David ?". Jerusalem Christian Review, Volume 9, Internet Edition, Issue 6 (leaderu.com).









La suite : Le royaume de Salomon



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