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Golgotha
et le tombeau
de Jésus-Christ









 

         Le lieu précis où Jésus de Nazareth aurait été exécuté, appelé "Golgotha" par les évangiles, c'est-à-dire "lieu du crâne" ou "Calvaire", était d'après ces sources situé tout près de Jérusalem. Deux millénaires se sont écoulés depuis, et l'emplacement supposé du martyre du Christ attire toujours la piété des pélerins. Aujourd'hui, la recherche de sa localisation exacte relève de l'enquête archéologique.

     De timides indices descriptifs figurent dans le textes eux-mêmes. Le soir de la mort de Jésus, ses proches détachèrent son corps de la croix et le déposèrent dans une tombe implantée à proximité immédiate qu'un prêtre du Temple et sympathisant, Joseph d'Arimathie, mit à sa disposition. Le Nouveau Testament précise que cette tombe était située dans un jardin, taillée dans le rocher, que c'était un tombeau neuf et qu'après l'inhumation on la referma en roulant devant son entrée une grande pierre ronde sur laquelle on pouvait s'asseoir (Mt. 27-28 ; Mc 15-16 ; Lc 23-24 ; Jn. 19 ; Hb. 13).


La basilique du Saint-Sépulcre

 

         La plus ancienne tradition chrétienne place le tombeau de Jésus dans l'actuelle basilique du Saint-Sépulcre, construite au l'intérieur de la cité historique de Jérusalem et à l'Ouest du mont du Temple. A l'époque de l'évènement, le site se trouvait en-dehors de l'enceinte fortifiée de la ville, mais celle-ci fut agrandie en vers l'an 44, intégrant désormais le lieu saint dans le périmètre du rempart.

     Le souvenir de l'emplacement de la tombe fut perdu au IIème siècle, lorsqu'à la suite de la révolte juive de 132 l'empereur romain Hadrien fit raser tous les lieux saints de Jérusalem. Dans le secteur de la future basilique, il fit élever une grande esplanade et bâtir un temple dédié à Jupiter.

        En 323, l'empereur Constantin se convertit au christianisme et s'intéressa aux lieux saints chrétiens de Jérusalem. Il fit démolir le temple d'Hadrien et creuser sous l'esplanade. Selon l'évêque Eusèbe de Césarée, c'est là que la tombe de Jésus fut retrouvée, quoiqu'il ne précise pas comment elle fut identifiée. Selon d'autres sources, c'est à sainte Hélène, la mère de Constantin, que l'on doit la découverte du Sépulcre à la suite d'un rêve qui lui en révéla l'emplacement.





La cour d'entrée de la basilique
du Saint-Sépulcre

(biblewalks.com).

      


        Constantin  fit construire au-dessus de cette tombe une immense coupole, complétée par une vaste basilique. Le caveau fut entièrement dégagé de la masse de calcaire qui l'entourait, et devint un volumineux bloc rocheux isolé que l'on appela "édicule" et qui trôna prestigieusement sous la coupole.

        L'histoire de la basilique de Constantin est mouvementée. En 1009, le calife arabe Al-Hakim fit entièrement démolir le monument, ainsi que le caveau lui-même qui fut littéralement pulvérisé ... Au point qu'aujourd'hui il n'en reste que quelques fragments épars. La nouvelle de ce geste heurta les chrétiens d'Occident et contribua sans doute à motiver le mouvement des croisades. En 1099, les chevaliers français s'emparèrent de Jérusalem après cinq semaines de siège. Ils rebâtirent la basilique sur un plan plus modeste, celui que nous lui connaissons, et taillèrent un nouvel édicule pour remplacer le premier.

 




Edicule de la tombe de Jésus
(biblewalks.com)
.



Plan schématique du sanctuaire
(planetware.com).

       

         Aujourd'hui, l'un des lieux les plus saints de la Terre aux yeux des chrétiens est un monument bâti comme une sorte de labyrinthe truffé de passages dérobés et de curiosités historiques ; il mérite de ce fait une brève visite virtuelle.

            Vu de l'extérieur, ses deux grandes coupoles et son clocher rapprochés lui donnent une allure compacte, enserré au milieu des constructions annexes. L'organisation de l'espace intérieur, décoré à profusion, se répartit entre plusieurs confessions chrétiennes. La nef est occupée en son centre par un vaste choeur au sol de marbre entouré d'un mur, où siègent les patriarches ortodoxes. Face à celui-ci et sur la gauche se tient un imposant cube de pierre, qui n'est autre que le massif édicule du tombeau de Jésus-Christ.

 




Chapelle jacobite en attente de restauration
(biblewalks.com).


Tombe dite de Joseph  d'Arimathie,
derrière l'église jacobite
(christusrex.org).

       

        Autour du volume central de la basilique se greffent plusieurs salles annexes non dépourvues d'intérêt. L'une des chapelles latérales qui entourent l'édicule communique avec un ancien tombeau aménagé dans une antique carrière et appelé sans certitude "la tombe de Joseph d'Arimathie". Face à l'entrée principale s'ouvre un double oratoire franciscain, ainsi qu'un long couloir en angle conduisant à une magnifique chapelle romane dite des Croisés.

        Percé à l'extrémité est du monument, un large escalier descend vers une vaste salle souterraine, la chapelle Sainte-Hélène, qui possède elle-même encore deux ouvertures discrètes. L'une descend vers la citerne où la croix du Christ aurait été retrouvée, et l'autre vers une seconde cavité dénommée la chapelle Saint-Vartan.

         A droite de l'entrée principale, deux escaliers étroits montent vers une double chapelle abondamment ornée d'or et d'argent et qui n'est autre que le traditionnel Calvaire. Un rocher protégé par une vitrine matérialise le point où aurait été plantée la croix.

        




L'autel du Calvaire
(biblewalks.com).



Lorsqu'on retourne sur le parvis extérieur, on ne manquera pas d'aller explorer une autre curiosité souterraine. En traversant deux pauvres chapelles copte et éthiopienne, on atteindra une petite église copte dédiée à sainte Hélène, qui donne accès via un escalier rupestre à deux plans d'eau souterrains ; l'histoire admet qu'ils servirent de citernes au chantier de construction du premier sanctuaire.

        L'importance que les pélerins accordent au Saint-Sépulcre ne prouve pas l'authenticité du lieu saint. Quels éléments pourraient l'attester ? Pour le savoir, une importante campagne de fouilles a été menée sur place à partir des années 1960, dans le cadre d'un programme interconfessionnel coordonné par le père Virgilio Corbo, du Studium Biblicum Franciscanum de Jérusalem. Après avoir retiré le dallage du sol, les fouilleurs trouvèrent des vestiges qui confirmaient l'existence d'une vaste carrière durant l'ère préchrétienne et d'un cimetière au temps de Jésus. Les tombes qui datent du Ier siècle accréditent le lien avec les évangiles de la Passion, quoique l'identification de celle de Jésus demeure incertaine.





L'église copte Sainte-Hélène
(biblewalks.com).


L'une des citernes souterraines
(biblewalks.com).


        Des recherches effectuées dans la chapelle Saint-Vartan ont cependant donné des résultats déterminants : d'autres traces de carrières, un pan de mur et surtout un antique graffiti qui représente un élégant navire marchand accompagné d'une inscription latine signifiant : "Seigneur, nous devons partir" (Domine ivimus). Or cette œuvre, datée à peu près du IIème siècle, est antérieure à l'époque byzantine ; elle prouve donc que la vénération du site est plus ancienne. Le site du Saint-Sépulcre semble dès lors compatible avec l'antique tradition.
     



Dessin d'un navire
datant des tout premiers siècles
(sacred-destinations.com).


Chapelle de l'Invention de la Croix
(biblewalks.com).


La Tombe du Jardin


        La solution précédente paraît donc solidement établie, et pourtant elle n'est pas la seule proposée. A partir du XVIIIème siècle en effet, des doutes furent émis quant à l’identification du Saint-Sépulcre au tombeau de Jésus-Christ. Les esprits sceptiques soulevaient le fait que la tombe traditionnelle se trouvait à l’intérieur du rempart de Jérusalem, alors que la crucifixion avait eu lieu en-dehors des murs. Partant de cette idée, le général britannique Charles Gordon se mit à la recherche d'un site alternatif, et prospecta en 1883 à l'extérieur du rempart. Il remarqua au Nord de la ville un escarpement rocheux percé de deux grandes cavités qui ressemblaient étrangement aux orbites d'un crâne humain. Faisant alors le rapprochement avec l'expression de "lieu du crâne" citée dans l'Ecriture, il pensa que c'était là le lieu historique de la crucifixion.

L'hypothèse de Gordon fit son chemin dans la société britannique. Un rapport de fouilles de 1867 émanant de l'archéologue suisse Conrad Schick avait d'ailleurs déjà décrit une ancienne tombe rupestre découverte à quelques mètres du rocher de Gordon. La façade de cette tombe toujours accessible portait des traces évoquant la forme d'une grande pierre circulaire, ainsi qu'une rainure dans le sol, et l'intérieur consistait en deux petites pièces rectangulaires. Ces détails paraissant compatibles avec les écritures, un nombre croissant de pélerins se rangèrent à l'avis de Gordon. Aujourd'hui intégré à un jardin magnifique, le site est tenu par des pélerins protestants qui le considèrent comme la sépulture possible de Jésus de Nazareth.






La tombe dite du Jardin
(anchorstone.com)
.


Cependant les résultats des investigations ultérieures n'allèrent pas dans ce sens. Des fouilles menées sur place par Karl Beckholt en 1904 mirent au jour divers objets, parmi lesquels des figurines de terre cuite typiques de l'âge du fer. Le professeur israélien Gabriel Barkay, de l'Université hébraïque de Jérusalem, étudia à son tour le site en 1974 et en conclut que la disposition de la tombe du jardin indiquait également le VIIème siècle av. J.-C., d'autant plus qu'elle était entourée d'un immense cimetière lui aussi daté de l'âge du fer.





Ancienne vue de la colline
du Golgotha selon Charles Gordon
(users.netconnect.com.au/~leedas).



Le même site aujourd'hui
(wyattmuseum.com).


       
        Dès lors que Jésus avait été enterré dans un tombeau neuf, la tombe du jardin ne pouvait plus prétendre être la sienne. Par suite, la tombe du jardin bénéficia de moins de crédit que celle du Saint-Sépulcre.        

        Au-delà du problème de l'authenticité de cette sépulture, les visiteurs apprécient néanmoins son intérêt pédagogique et le fait qu'elle est restée pratiquement dans son état d'origine.


Le caveau de Talpiot

 

        En 2007, la diffusion télévisée d'un film documentaire intitulé "Le tombeau de Jésus" fit la "une" de la presse mondiale. Il décrivait une nécropole souterraine antique découverte en 1980 dans le quartier de Talpiot, dans la banlieue sud de Jérusalem. Elle contenait une dizaine d'ossuaires datant du premier siècle, dont six portaient des noms gravés parmi lesquels on pouvait lire des expressions à consonance biblique : "Jésus fils de Joseph", "Maria", "Yosé", "Matthieu", "Mariamene e Mara" et "Juda fils de Jésus". Le cinéaste James Cameron affirmait qu'il s'agissait sans doute là de Jésus de Nazareth et de sa famille, suggérant que Mariamene n'était autre que Marie-Madeleine son épouse, et Juda leur fils. Maria devait être sa mère, et Matthieu et Yosé ses frères.

        Cette thèse défendue par l'archéologue israélien Simcha Jacobovichi s'appuyait essentiellement sur des calculs statistiques d’occurrence des prénoms et sur des analyses de l'ADN trouvé sur des fragments d'ossements.




L'entrée du caveau de Talpiot
(dsc.discovery.com)
.


        La diffusion de ce reportage souleva une controverse passionnée et surtout beaucoup de scepticisme. Le rapprochement avec le Jésus des évangiles paraissait un peu forcé pour plusieurs raisons. En premier lieu, les prénoms trouvés sur ces ossuaires étaient très courants à l'époque, et même l'expression "Jésus fils de Joseph" a été retrouvée dans deux ou trois autres tombes. Ensuite, aucun texte biblique ne présentait Jésus-Christ comme marié et père de famille. De même, le prénom de Marie-Madeleine n'exisait pas au Ier siècle, et il n'avait rien à voir avec celui de Mariamene. Enfin, l'absence de parenté entre Mariamene et Jésus, indiquée par l'ADN, ne prouvait pas qu'ils étaient mari et femme. En résumé, cette enquête pêchait par un manque de rigueur et ne remporta pas beaucoup de suffrages dans le milieu universitaire.

 

Conclusion


        Entre les trois sites précédemment décrits, l'identification du véritable tombeau de Jésus de Nazareth n'est plus guère discutée. Une longue tradition soutient le Saint-Sépulcre, et les résultats des fouilles semblent le confirmer. La tombe du jardin paraît trop ancienne pour être celle du Christ, et le caveau de Talpiot souffre d'un lien difficile à établir avec les évangiles. Cela dit, le choix d'une conclusion dépend également du regard que l'on porte sur le récit de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.






Références :


[1] - J. Abela : "Le lieu de la Résurrection". Franciscan Cyberspot, sept. 2005.
[2] - R.H. Smith : "The Tomb of Jesus". The Biblical Archaeologist Vol. XXX, 1967, 3, pp. 74-90.
[3] - J. Abela : "D'une carrière de pierre jusqu'au jardin (VIII sec. ac - 135 dc)". Franciscan Cyberspot, sept. 2005.
[4] - R. Hofman : "Church of Holy Sepulchre" (BibleWalks.com).
[5] - D. Bahat : "Does the Holy Sepulchre Church Mark the Burial of Jesus ?" Biblical Archaeology Review, Online Exclusives (bib-arch.org).
[6] - "Jérusalem : la basilique du Saint-Sépulcre". Israel Ministry of Foreign Affairs, 2 mars 2000 (mfa.gov.il).
[7] - G. Couturier : "Un pélerin chrétien au Saint-Sépulcre". Interbible, Le Saint-Sépulcre 7/8 (interbible.org).
[8] - S. Davies :”Thomas : The Fourth Synoptic Gospel”. The Biblical Archaeologist, Vol. 16, No 1 (Winter 1983), pp. 6-1.
[9]
- "La Tombe du Jardin". Brochure distribuée à l'entrée du lieu-dit "la Tombe du Jardin" (idumea.org).
[10] - H. Hayes : "Garden Tomb, Jerusalem". Sacred Destinations, Feb. 11, 2010 (sacred-destinations.com).
[11]
- G. Barkay : "The Garden Tomb – Was Jesus buried Here ? " Biblical Archaeology Review, March/April 1986, pp. 40-55 et 56-57.
[12] - G. de Lansalut , S. Amar : "A-t-on retrouvé le tombeau de Jésus ?". Le Monde des Religions n° 24, 1er juillet 2007 (lemondedesreligions.fr).
[13] - G. Franz : "The So-Called Jesus Family Tomb “Rediscovered” in Jerusalem”. Associates for Biblical Research,  17 mars 2007 (biblearchaeology.org).
[14]
- S. Pfann : "The Improper Application of Statistics in "The Lost Tomb of Jesus" ". University of the Holy Land, 2007 (uhl.ac).









La suite :
Le Linceul de Turin


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