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de Jean le Baptiste









 

            Le prophète Jean, surnommé le Baptiste ou le Précurseur, avait pour mission d'annoncer au peuple juif la venue du Fils de Dieu en la personne de Jésus-Christ. Né du prêtre Zacharie et d'une parente de la Vierge Marie nommée Elisabeth, Jean était contemporain de Jésus et son aîné de six mois. C'est lui qui institua le baptême comme rituel d'entrée dans les futures communautés chrétiennes.

            D’après l’évangile de Luc, la naissance de Jean fut annoncée à son père Zacharie lors d'une apparition de l'ange Gabriel dans le sanctuaire du Temple. En entendant la prophétie, le prêtre exprima un léger doute, car son épouse était réputée stérile ; mais son manque de confiance lui valut d’être puni aussitôt par un mutisme temporaire.

            Elisabeth devint effectivement enceinte. Elle reçut durant sa grossesse la visite de la Vierge Marie, elle-même déjà porteuse du futur enfant Jésus. L'évangile met l'accent sur le moment consacré de la rencontre, appelé la Visitation, qui fut suivi d'un séjour de trois mois de Marie chez sa cousine. Le jour de la naissance du prophète, son père retrouva l'usage de la parole en prononçant le prénom du nouveau-né.






La Visitation. Fresque de l'église d'Ein Kerem, Israël
(stockberger.net)
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            Lorsque Jean fut devenu adulte, il partit vivre en ermite dans le désert de Judée. Vêtu d’une peau de chameau et vivant des maigres ressources du désert, il exerçait sa mission auprès de ses visiteurs. Elle consistait à baptiser les pélerins par une immersion rituelle dans le Jourdain, et à les inviter à une conversion intérieure et à la pénitence en vue de la venue imminente du royaume de Dieu. A la purification de l'âme par la conversion s'ajoutait la purification du corps par l'eau. Jésus lui-même vint recevoir le baptême des mains de Jean, en un lieu nommé Béthanie-au-delà-du-Jourdain. A l’instant de l’immersion, la présence divine se manifesta sous la forme d'une colombe et d'une voix céleste désignant Jésus comme son Fils.





Le baptême du Christ.
Mosaïque du Vème siècle, Ravenne, Italie
(lessing-photo.com)
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             Jean prêchait en tenant des propos qui ne ménageaient pas toujours ses contemporains. Il s'en prit en particulier au tétrarque de Galilée, Hérode Antipas, à qui il reprochait son mariage illégitime avec Hérodiade, la femme de son frère. Le tétrarque qui n'apprécia guère la critique, fit arrêter le Baptiste et le jeta en prison. La maîtresse d'Hérode tenta d'obtenir la mort du prisonnier médisant, ce qu'Hérode refusait. Elle y parvint toutefois lors d'un festin, donné pour l’anniversaire d’hérode, au cours duquel sa fille exécuta en public une danse lascive qui séduisit Hérode et ses invités. Imprudemment, le tétrarque proposa à la jeune fille une faveur au choix. A l'instigation de sa mère, la danseuse mit cette situation à profit pour demander la tête de Jean-Baptiste. Hérode céda et donna l'ordre de faire décapiter le prophète (Mc. 6, Lc. 1 et 3).

            Si le parcours tragique de Jean-Baptiste est célèbre par sa présence dans le Nouveau Testament, il existe par ailleurs d'autres sources documentaires moins connues qui mentionnent l'existence du personnage, ainsi que quelques traces archéologiques qui lui sont associées.

       

Jean le Baptiste d'après Flavius Josèphe


A côté des textes bibliques, d'autres documents de l'époque attestent également de l'existence historique de Jean le Baptiste. Les plus anciens sont ceux de l'historien juif Flavius Josèphe, premier auteur non chrétien de l'Antiquité à citer des personnages du Nouveau Testament. Ainsi un paragraphe des "Antiquités Judaïques", ouvrage composé vers l'an 79, parle du prophète Jean et des circonstances de sa mort. Bien que cette version diffère des évangiles sur les motifs du meurtre, elle restitue assez bien le contexte de la vie du prophète [1] :

        "Or, il y avait des Juifs pour penser que si l'armée d'Hérode avait péri, c'était par la volonté divine et en juste vengeance de Jean surnommé le Baptiste. En effet, Hérode l'avait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien et qu'il excitât les Juifs à pratiquer la vertu, à être justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu pour être unis par le baptême ; car c'est à cette condition que Dieu considérait le baptême comme agréable, s'il servait non pour se faire pardonner certaines fautes, mais pour purifier le corps, après qu'on eût préalablement purifié l'âme par la justice. D'autres s'étaient rassemblés autour de lui, car ils étaient très exaltés en l'entendant parler. Hérode craignait qu'une telle faculté de persuader ne suscitât une révolte, la foule semblant prête à suivre en tout les conseils de cet homme. Il aima donc mieux s'emparer de lui avant que quelque trouble ne se fût produit à son sujet, que d'avoir à se repentir plus tard, si un mouvement avait lieu, de s'être exposé à des périls. A cause de ces soupçons d'Hérode, Jean fut envoyé à Machéronte, la forteresse dont nous avons parlé plus haut, et y fut tué. Les Juifs crurent que c'était pour le venger qu'une catastrophe s'était abattue sur l'armée, Dieu voulant ainsi punir Hérode" (Antiquités Judaïques, livre XVIII, V, 1).

            Le désastre militaire auquel il est ici fait allusion est une défaite infligée à Antipas par le roi de Pétra Arétas IV, suite à un désaccord sur les limites territoriales. Josèphe présente la catastrophe comme un châtiment du Ciel pour l'exécution de Jean.

 

Ein Kerem, lieu de naisance de Jean le Baptiste

            

            Si l'on tente de suivre sur le terrain l'itinéraire de Jean le Précurseur, on peut d'abord visiter un site géographique associé à sa mémoire par tradition depuis l'Antiquité. A sept kilomètres à l'Ouest de Jérusalem, dans les collines de Judée, le village d'Ein Kerem passe pour être la localité d'origine du prophète. Deux sanctuaires chrétiens importants lui sont dédiés, l'église Saint-Jean-Baptiste et l'église de la Visitation.

            La tradition affirme que Zacharie et sa femme Elisabeth résidaient à l'endroit où l'église Saint-Jean-Baptiste est aujourd'hui implantée. Le bâtiment actuel, construit au XIXe siècle sur des restes d'édifices byzantins et croisés, cache derrière sa façade austère une nef aux parois recouvertes de carreaux de faïence et au décor chargé. A gauche de l'autel, un escalier descend vers une petite crypte dans laquelle Jean serait venu au monde, si l'on en croit un texte du XIIe siècle émanant du pélerin russe Daniel Abbot.

          


 

L'église Saint-Jean-Baptiste à Ein Kerem
(fr.custodia.org)
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La crypte de l'église Saint-Jean-Baptiste
(flickr.com)
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L'édifice a fait l'objet d'une campagne de fouilles à partir de 1939, suscitée par des circonstances imprévues au cours d'une révolte palestinienne. Le déplacement d'un canon par l'armée britannique provoqua un affaissement du sol qui révéla la présence de vestiges antiques : des mosaïques, des inscriptions, des tombes et une statue de Vénus, ce dernier objet signant l'existence d'un temple païen. Un remarquable sol en mosaïque d'époque paléochrétienne comportait des figures géométriques entourant une courte inscription en grec qui signifiait : "Salut, ô martyrs de Dieu". De quels martyrs s'agissait-il ? On a émis l'hypothèse que cet hommage concernait les nouveaux-nés massacrés sous le règne d'Hérode le Grand.

Le second sanctuaire chrétien majeur d'Ein Kerem, l'église de la Visitation, commémore la rencontre de Marie et d'Elisabeth alors que les deux femmes étaient enceintes. Le même Daniel Abbot affirme que le futur Jean-Baptiste fut sauvé du génocide des enfants par sa mère qui se réfugia dans la montagne ; il raconte qu'ils furent protégés par un abri souterrain dont l'entrée fut dissimulée par le déplacement providentiel d'une grande pierre.



 

L'entrée de l'église de la Visitation à Ein Kerem
(fr.custodia.org)
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Mosaïque ornant la façade
(fr.wikipedia.org)
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La façade de l'église de la Visitation, implantée au flanc d'une colline, présente aujourd'hui une grande image en mosaïque qui domine un porche en arcades. A l'intérieur, de grandes fresques couvrent les murs des chapelles supérieure et inférieure. Au fond de cette dernière, un court passage voûté conduit à un vieux puits, sensé avoir alimenté la famille du Baptiste réfugiée dans cet espace. A sa droite est visible une grande dalle, précisément celle qui se serait déplacée miraculeusement pour masquer l'ouverture de la cachette [2][3][4] ...

Voilà ce que nous disent les lieux saints bien connus depuis l'Antiquité et les traditions locales qui leur sont associées. Mais beaucoup plus récemment, le tournant de notre troisième millénaire a vu ce patrimoine s'enrichir de données archéologiques inédites et particulièrement instructives.





La crypte de l'église de la Visitation
(allaboutjerusalem.com).



Le rocher de l'église de la Visitation
(en.m.wikipedia.org)
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La grotte de Jean-Baptiste

     

            En 2004, une caverne isolée fut découverte en pleine nature près de Kibboutz Tzouba, à quatre kilomètres d’Ein Kerem. Après plusieurs mois de fouilles, le professeur Shimon Gibson, de l'Université de Caroline du Nord, annonça qu'à son avis cette caverne avait dû être fréquentée par Jean le Baptiste.

            Sa petite entrée rectangulaire creusée dans le flanc d'une colline avait été repérée par un professeur d'hébreu, Reuven Kalifon, et donnait accès à un long escalier qui s'enfonçait profondément dans la roche mais dont le fond était encombré de gravats.





L'entrée de la "grotte de Jean-Baptiste"
(christianpost.com).

    

 
            Reuven Kalifon la signala en 1999 à l'archéologue Shimon Gibson, qui vint à son tour se glisser dans l'entrée étroite. En déplaçant quelques pierres, Gibson trouva sur la paroi un graffiti représentant une tête humaine, indice qui le persuada d’entreprendre de véritables fouilles.

            Son équipe s'employa d'abord à dégager l'escalier, qui conduisait à une galerie rectangulaire en cul-de-sac, longue de 25 mètres et se terminant par une citerne. Les parois portaient plusieurs graffiti incisés dans la roche. Le dessin d'un personnage vêtu d'une tunique parsemée de points, tenant un bâton dans une main et levant l'autre, était accompagné d'une croix. Une grande pierre posée sur la dernière marche portait une profonde empreinte taillée en forme de pied. Un creux et une entaille sur la même pierre semblaient faits pour permettre l'écoulement d'un liquide. Le sol de la cave était jonché d'innombrables tessons de poteries qui permirent de dater l'occupation du site.





L'archéologue Simon Gibson
désigne les graffiti

(christianpost.com)
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L'intérieur de la grotte et le bassin rituel
(bnaibrith.ca)
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             La galerie semble avoir été creusée entre le VIIIe et le Ve siècle av. J-C., puis réoccupée du Ier au Ve siècles de notre ère. Quelle fut sa fonction première ? Peut-être avait-elle été creusée par des moines israélites afin de procéder à des bains rituels.

            Gibson est convaincu qu'elle fut également utilisée au Ier siècle par Jean le Baptiste en personne ; selon lui, la citerne a pu servir à plonger les personnes lors du rite baptismal, et l'empreinte de pied à se positionner lors de l'immersion. Les dessins représenteraient le prophète Jean reconnaissable à son bâton et à son vêtement en poil de chameau. La tête coupée évoquerait sa mort par décapitation. La croix gravée témoigne d'une fréquentation par des chrétiens. Ces graffiti peuvent être l'oeuvre de moines byzantins du IVe ou du Ve siècle, qui auraient pratiqué postérieurement un culte à la mémoire de Jean.

            Un point faible de cette interprétation réside dans l'éloignement du site par rapport au Jourdain où les baptèmes sont sensés avoir eu lieu. Il est néanmoins concevable que Jean le Baptiste n'ait pas toujours opéré au même endroit ; la proximité du site avec le lieu de sa naissance suggère que cette grotte fut l'un des premiers lieux de son ministère.



Béthanie au-delà-du-Jourdain


             Quelques mois avant cette découverte, une autre série de résultats tout à fait remarquables étaient obtenus sur un autre site, apparemment lié lui aussi à la vie de Jean. Il s'agit du point du Jourdain où Jésus-Christ lui-même aurait été baptisé par le prophète. L’évangile selon saint Jean (1, 28) affirme que le baptême de Jésus se passa à « Béthanie-au-delà-du-Jourdain », un lieu encore non identifié mais certainement à distinguer du village de Béthanie proche de Jérusalem. L'expression « au-delà-du-Jourdain » impliquait que cette Béthanie devait se trouver quelque part sur la rive orientale du fleuve, dans l'actuelle Jordanie.

            Plusieurs textes de l'Antiquité tardive évoquent également ce lieu en fournissant quelques détails topographiques. L'archidiacre Théodose d'Alexandrie, par exemple, écrivit en 530 qu'une église Saint-Jean-Baptiste y fut construite, élevée sur des piles la mettant à l'abri des crues. De même, en 570, le pèlerin italien Antoine de Plaisance indiqua que le lieu était placé en face d’un monastère Saint-Jean, et qu’un escalier de pierres descendait vers la rivière jusqu’à l’endroit de l’événement.





L'église orthodoxe du Qasr el Yehud
(hackersforcharity.org).


            Sur la rive ouest du Jourdain, à neuf kilomètres au nord de la mer Morte, une élégante petite église orthodoxe appelée Qasr el-Yehud s’élève aujourd’hui en souvenir du baptême de Jésus. Juste en face se trouve un site naturel verdoyant, une vallée irriguée par un ruisseau qui descend du plateau de Jordanie : le wadi Kharrar.

            En 1899, le père Jean-Louis Féderlin visita le wadi Kharrar. Il y repéra les traces de plusieurs églises en ruines, dont une qui semblait avoir été surélevée. D'autres témoignages de ce type se succédèrent, au point qu’en 1995 l’Etat de Jordanie confia un programme de fouilles à l'archéologue Mohammed Waheeb, du Service des Antiquités de Jordanie. Lorsque le chantier fut ouvert, en 1996, personne n'imaginait l'ampleur des résultats qu'il allait fournir.



  Carte du site du Wadi Kharrar, assimilé
 à Béthanie au-delà du Jourdain.
1 : Colline d'Elie. 2 : Laura.
3 : sentier. 4 : Wadi Kharrar.
5 : ancien bassin. 6 : grottes érémitiques. 7 : source.
8 : Chapelle de Marie l'Egyptienne.
9 : église byzantine. 10 : Jourdain
(christusrex.org).



            On fouilla d'abord une colline qui domine le wadi Kharrar, à l'extrémité orientale de celui-ci. Son sommet livra les restes de trois églises, de trois importants bassins et d’un système de canaux sophistiqué. L'église principale possédait un sol en mosaïque qui intégrait une inscription grecque indiquant un contexte monastique. Sous le sol pavé de la seconde église, le crâne d'un homme âgé d'une vingtaine d'années fut découvert. La troisième ressemblait à un vaste hall dont le sol était également pavé de mosaïques.

            Le thème de l’eau dans un sanctuaire chrétien n’était pas sans rappeler le rituel du baptême et la mission de Jean le Précurseur. On supposa donc que les bassins étaient des piscines baptismales, conçues pour l'immersion des pèlerins qui devaient venir en grand nombre sur les lieux-mêmes de l’évènement.

          




Vue aérienne de la colline d'Elie
(welcometohosanna.com)
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            Dans la partie terminale du wadi Kharrar, à proximité du Jourdain, les fouilleurs dégagèrent les ruines d'une vaste basilique byzantine qui avait été construite sur des piliers puis rebâtie deux fois à-même le sol. Un splendide fragment de mosaïque représentait un bouquet de fleurs dans un vase. Un graffiti portait les lettres IOY. BATT, expression évoquant le nom de Jean-Baptiste.

            A l'arrière de la basilique, un majestueux escalier de marbre descendait vers un ancien bras asséché du fleuve. A son pied, quatre piliers gravés de nombreuses croix étaient enfoncés dans le sédiment. Ces éléments semblaient correspondre aux écrits des auteurs anciens, d'après lesquels une église plusieurs fois reconstruite et un escalier marquaient effectivement le point où Jésus avait été baptisé.





Eglise byzantine à Béthanie au-delà du Jourdain
(sacred-destinations.com)
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Bien d’autres vestiges paléochrétiens furent encore mis au jour le long du wadi. On exhuma au total pas moins d’une dizaine d’églises, de cinq piscines baptismales et de cinq grottes érémitiques. La richesse de ce patrimoine, et les convergences frappantes qu’il présente avec les textes, autorisent à identifier sans trop de risques le wadi Kharrar à la région où le Baptiste opérait et où Jésus-Christ reçut le sacrement. Cette vallée compte désormais parmi les sites archéologiques les plus visités de la région du Jourdain [5][6][7][8][9].





Mosaïque de l'église byzantine
Saint-Jean-Baptiste
(flickr.com).




Machéronte   


       Le précieux livre des « Antiquités judaïques » de Flavius Josèphe, qui décrit en détail le contexte politique de l'époque, nous révèle en outre le nom du lieu où Jean le prophète termina sa vie : Machéronte.

      A dix kilomètres à l'Est de la mer Morte, entre le torrent de l'Arnon qui s’y jette et le mont Nébo qui la domine, l'extrémité désertique du plateau de Jordanie recèle une haute et aride colline en forme de cône. Son sommet desséché offre une vue imprenable sur la mer Morte et le désert de Judée, et porte des traces de vastes constructions. Des colonnes, des bases de murs, des bassins constituent ce qui reste de l'antique forteresse de Machéronte.




La colline supportant la forteresse de Machéronte
(picasaweb.google.com).




             Le site fut identifié en 1807 par le voyageur allemand Ulrich Seetzen, par analogie avec le nom d'un village tout proche appelé Mukawir. Les ruines du sommet de la colline portent aujourd'hui le nom arabe de Qalaat al-Mishnaka, qui signifie "palais suspendu".

            Machéronte avait été construite en 90 av. J.-C. sous la dynastie hasmonéenne, puis démolie par les Romains en 57 av. J.-C., puis encore reconstruite par Hérode le Grand vers l'an 30 avant notre ère. Son fils Hérode Antipas l'utilisa comme résidence. Machéronte servit enfin de refuge aux révoltés juifs de 66 à 72, avant d'être prise et rasée par leurs ennemis. Un village nommé Machabéros subsista dans la vallée à l'époque byzantine.

          




Vestiges du palais de Machéronte, sur une colline
à l'est de la mer Morte, où Jean aurait été emprisonné
(cestyapamatky.cz)
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         Les premières fouilles du sommet de la colline furent effectuées en 1968 par le docteur Jerry Vardaman, archéologue à l'université du Mississipi. Elles furent suivies par d'autres, menées à partir de 1978 par les frères franciscains sous la direction du père Virgilio Corbo. Ces travaux permirent de dégager une impressionnante forteresse, qui comprenait les bases d'un puissant rempart et de trois tours de défense. Un système d'aqueduc permettait d'amener de l'eau depuis le plateau jordanien.

            A l'intérieur de la forteresse, les archéologues exhumèrent également les murs d'un luxueux palais. Des cours, des couloirs, des salles, des citernes et un bassin thermal furent ainsi dégagés. Détail curieux, les moines constatèrent que la pièce principale, la salle à manger ou triclinium, était séparée en deux parties. Intrigués par cette disposition, ils en cherchèrent la raison en consultant des textes juifs anciens, qui leur apprirent que les hommes et les femmes mangeaient habituellement dans des salles différentes. Alors il fut facile d'imaginer la fameuse scène biblique de l'anniversaire d'Hérode scellant le destin de Jean. La fille d'Hérodiade entra dans le triclinum des hommes pour danser, puis sortit chez les femmes pour consulter sa mère et revint adresser au tétrarque sa fatale demande signant la mort de Jean. Les ruines du sommet de la colline de Mukawir s'accordent avec ce scénario [10].

          



Plan du palais de Machéronte. 1: aqueduc.
2: tour. 3 péristyle. 4: triclinium. 5: thermes. 6: tour
(christusrex.org).



        La forteresse devait également comporter un cachot dans lequel Jean fut emprisonné, et où sa tête roula sur le sol avant d’être offerte sur un plateau à la jeune princesse.

        Sur les flancs de la colline de Mukawir, plusieurs grottes naturelles servent encore parfois de refuge aux bédouins et à leurs troupeaux en cas de pluie. L'un de ces abris se prolonge en une étroite galerie souterraine que termine une large salle voûtée. Ses parois portent des traces de ciseaux et furent visiblement agrandies de main d'homme. Ces aménagements font partie du système de canaux et de réserves d'eau conçu pour alimenter la citadelle ; ils pourraient également avoir été la prison où Jean le Baptiste fut enfermé et exécuté.

                   



Ruines du palais de Machéronte
(members.virtualtourist.com)
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      D'autres passages de l'œuvre de Flavius Josèphe fournissent des informations historiques supplémentaires. Ils confirment l'union illégitime entre Hérode et Hérodiade dénoncée par Jean. Ils donnent le nom de la jeune danseuse, qui s'appelait Salomé. Le profil du visage de la princesse nous a même été transmis par trois pièces de monnaie frappées à son effigie. Car la jeune fille est plus tard devenue reine, en épousant le roi Aristobule de Chalcis. Cette image est le seul portrait connu d'un personnage du Nouveau Testament réalisé de son vivant.






Pièce de monnaie à l'effigie de la reine Salomé
(wikipedia.org).




Le reliquaire de cristal


         Les textes anciens qui évoquent la mort du Baptiste ne parlent pas de son éventuelle sépulture. Seuls des documents tardifs du IVe siècle évoquent une hypothétique tombe de Jean, ayant existé à Sébaste en Samarie et détruite par l'empereur Julien. Une petite église transformée en mosquée y marque encore son souvenir sous le nom de Nabi Yahia.

       Selon certaines sources, les reliques du saint auraient été brûlées et dispersées, quoique certaines églises affirment en avoir préservé des fragments. La ville de Jérusalem possède par exemple un sanctuaire dédié au prophète et qui contient un témoignage précieux [11][12][13]. A quelques mètres de la basilique du Saint-Sépulcre, un portail de pierre donne accès à une cour occupée par une petite chapelle, coiffée d'une coupole couleur argent et connue sous le nom d'église Saint-Jean-Baptiste. Derrière l'adifice, un vieil escalier descend vers une crypte qui n'est autre que l'ancienne église bâtie vers 450 par l'impératrice Eudoxie. La chapelle actuelle fut construite au XIe siècle par les croisés, au-dessus de la précédente qui fut alors comblée de gravats et abandonnée.






L'église Saint-Jean-Baptiste à Jérusalem
(fr.wikipedia.org).

Le reliquaire de cristal
(198.62.75.1/www1/ofm).



     

          Lorsqu'au XIXe siècle la communauté orthodoxe grecque prit possession des lieux, elle fit une découverte inattendue en dégageant le monument d'origine. Dans la maçonnerie de l'autel, elle trouva un magnifique petit reliquaire de cristal, taillé en forme de mitre d’évêque transparente et entouré d'un cadre de bronze incrusté de pierres précieuses [14][15]. D'après les inscriptions gravées à l'intérieur, l'objet contenait quelques os attribués au Baptiste et à saint Pierre, ainsi que des fragments de la vraie croix. Cette œuvre d'art remarquable, qui préserverait des reliques du prophète Jean, est conservée dans le musée orthodoxe patriarcal de Jérusalem.









Références :

[1] - C. Bernard : "Jésus le Juif". Conférence donnée à l'Ifer (cultureetreligions.free.fr).
[2] - J. Abela : "Ain Karem : S. John and the Visitation. April 28, 2005" Studium Biblicum Franciscanum (www1/ofm).
[3] - M.T. Petrozzi : "Ain Karim". Franciscan Cyberspot (198.62.75.4/www1/ofm).
[4] - Y. Aharonot : "Sur les collines de Judée. Pèlerinage à Ein Kerem". Courrier international n° 884, 1/10/2007 (courrierinternational.com).
[5] - H. Hayes : "Bethany-Beyond-the-Jordan" (sacred-destinations.com).
[6] - S. Foucart :  "Le lieu du baptême du Christ aurait été identifié en Jordanie". Le Monde Interactif (darbois.net).
[7] - M. Piccirilo : "Ainon, Sapsaphas and Bethabara". The Madaba Map Centenary, Jerusalem 1999, 218-221 (198.62.75.1/www1/ofm).
[8] - M. Piccirillo : "A project of Peace in Jordan for the Great Jubilee". Franciscan Cyberspot (198.62.75.1/www1/ofm).
[9] - "Towns and Tourist Sites in Jordan - The Dead Sea, Mount Nebo, Madaba and the Madaba Plateau" (jordanjubilee.com).
[10] - A. Niccacci, O.F.M. : “Archaeology and the New Testament”. Essays 5, SBF, Jerusalem, 1998.
[11] - H. Hayes : "Church of St john the Baptist, Jerusalem" (sacred-destinations.com).
[12] - A. Bar-Am : "Beyond the walls : churches of Jerusalem" (christusrex.org).
[13] - D. Silvera : "The Crystal Reliquary". The Undiscovered Jerusalem (gebus.com).
[14] - D. Pringle : “The Churches of the Crusader Kingdom of Jerusalem: Volume 3, The City of Jerusalem: A Corpus”. Cambridge University Press, 1993, pp. 206-207.
[15] - D. Silvera : "The Crystal Reliquary". The Undiscovered Jerusalem. http://www.gebus.com/reliquario_eng.htm.









La suite :
Sur les pas de Jésus en Terre sainte


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