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Le temps   

des Juges    








 

            Le vieux chef Josué sentant la fin de sa vie approcher, convoqua le peuple israélite à Sichem et lui fit renouveler solennellement son alliance avec Dieu. Ayant reçu l'approbation du peuple, il planta une pierre commémorative dans le sanctuaire de Yahvé pour marquer l'engagement de la nation. Après cet acte, Josué mourut et fut enterré dans son territoire (Js. 24).

            La disparition de Josué laissa un vide politique à la tête des tribus d'Israël, lacune qui eut rapidement des conséquences néfastes sur le comportement des Hébreux et sur le cours de leur histoire. Les Israélites ne respectèrent pas leur alliance avec Yahweh, et retournèrent à des pratiques idolâtres sous l'influence des peuples voisins. Cette conduite eut pour conséquence une série de revers militaires et leur soumission à la domination de leurs ennemis.

            Cette situation fut cependant plusieurs fois corrigée par les interventions successives de chefs temporaires appellés les Juges, désignés par Dieu et qui gouvernèrent Israël. La libération des Israélites se fit grâce aux combats conduits par les Juges, qui les délivrèrent de l'asservissement et leur firent reprendre du terrain. Les succès obtenus alternent avec les échecs du peuple inconstant (Jg. 1-3).

 

Les tombeaux de Josué et de Joseph

 

Un haut-lieu ancestral du judaïsme fait aujourd'hui encore l'objet d'une vénération particulière. Il se réfère au verset de l'Ecriture indiquant que Josué fut inhumé "à Tamnath-Saré, qui est dans la montagne d'Ephraïm, au nord du mont Gaas" (Js. 24, 31-32). Contrairement à la sépulture de Moïse, celle de Josué ne semble pas être totalement oubliée si l'on en croit une tradition locale. Tamnath-Saré s'identifie aujourd'hui au village palestinien de Kifl Hares, au sud de Sichem en Samarie, où une tombe traditionnelle de Josué est conservée, représentée par un modeste pavillon coiffé d'un dôme ; nous avons hélas peu de documentation archéologique sur ce sanctuaire [1].





Le tombeau traditionnel de Josué à Kifl Hares
(
en.wikipedia.org).


En revanche, le verset suivant du livre de Josué concerne un second lieu saint, tout aussi important mais qui semble autrement plus significatif. Il indique que les Hébreux inhumèrent également en Canaan le patriarche Joseph, dont ils avaient rapporté les reliques d’Egypte : "Quant aux ossements de Joseph, que les Fils d'Israël avaient fait monter d'Egypte, on les ensevelit à Sichem dans la parcelle de champ que Jacob avait achetée pour cent qesitas au fils de Hamor [...]" (Js. 24, 33).

De fait, un tombeau traditionnel de Joseph existe à Sichem, conçu également comme un petit mausolée couvert d'un dôme. L'intérieur abrite un imposant sarcophage scellé supposé abriter ses reliques. Ce cercueil contient-il réellement la dépouille du patriarche ? D'aucuns ont suggéré qu'il s'agirait plutôt d'un autre Joseph, le cheik arabe Yusef Al-Dwaik. Toutefois l'information la plus intéressante figure dans un livre du docteur américain John Elder, paru en 1960 sous le titre "Prophets, idols ans diggers" [2][3]. Ce missionnaire de l'Eglise presbytérienne rapporte le bref compte-rendu d'une ouverture du vénérable cercueil.

"Dans les derniers versets de la Genèse il est écrit que Joseph demanda à sa famille de rapporter ses os en Canaan, lorsque Dieu les reconduirait dans leur maison d'origine ; et dans Josué 24:32 il est dit que son corps fut en effet rapporté en Palestine et enterré à Sichem. Depuis des siècles se trouve à Sichem une tombe vénérée comme étant celle de Joseph. Il y a quelques années la tombe a été ouverte. On trouva à l'intérieur un corps momifié à la manière égyptienne, et parmi d'autres objets, une épée typique de celles des fonctionnaires égyptiens."


     



Vue extérieure du tombeau de Joseph,
prise en 1898
(commons.wikimedia.org).


L'intérieur du tombeau de Joseph
avant sa destruction en 2000

(
shechem.org/kyos/engkyos.html).


La Genèse précise que le corps de Joseph fut embaumé (Gn. 50, 26). Il serait donc intéressant de pouvoir ouvrir cette tombe afin d'examiner son contenu. Malheureusement, la situation actuelle sur place n'est guère favorable. La tombe a été prise d'assaut et incendiée en 2000 par des militants palestiniens. Les musulmans qui contrôlent aujourd'hui le site, envisagent d'y construire une mosquée. On peut espérer néanmoins que le sarcophage n'ait pas trop souffert lors de cet incident.

 

Le peuple philistin

 

Les Hébreux qui s'étaient partiellement établis au pays de Canaan furent aux prises avec d'autres peuples des contrées alentour, auquels ils furent plusieurs fois asssujettis à cause de leur désobéissance à Dieu. Mais les ennemis qu'ils durent combattre avec le plus d'acharnement étaient de redoutables guerriers que le texte désigne sous le nom de Philistins.

L'Histoire antique nous informe de son côté qu'au XIIème siècle avant notre ère, tout le Proche-Orient eut à subir une nouvelle vague d'envahisseurs venus par la Méditerranée, aujourd'hui désignés par l'expression générique de "peuples de la mer" et dont certains sont appelés Peleset, c'est-à-dire Philistins.

La plus ancienne mention archéologique du peuple philistin se trouve sur les murs du temple égyptien de Ramsès III (1184-1153 av. J.-C.) à Medinet-Habou. Les Peleset sont décrits comme venant du nord par voie maritime et être originaires d'un énigmatique "pays de Caphtor". Leur origine précise est inconnue, mais on est certain qu'ils déferlèrent avec violence sur les terres cananéennes. Ils s'attaquèrent à l'Egypte et livrèrent contre le pharaon Ramsès III deux batailles géantes, l'une terrestre et l'autre maritime. Les deux affrontements sont représentés en bas-relief sur le temple de Medinet-Habou où le roi d'Egypte célèbre sa victoire défensive sur ces agresseurs.





Guerriers philistins
(lessing-photo.com)
.


Poterie philistine
(womeninthebible.net).



            Les peuples de la mer furent arrêtés par les armées de Ramsès III, mais ils s'établirent durablement autour de la bande côtière de Gaza, entre la frontière égyptienne et l'actuelle Tel Aviv. Les villes principales qu'ils occupèrent sont citées dans le livre de Josué (13, 3) : Gaza, Ashdod, Ascalon, Gath et Ekron.

            Des fouilles effectuées dans ces villes ont confirmé leur occupation par ce peuple et ont révélé leur mode de vie particulier. Leurs poteries originales sont souvent marquées par une décoration en stries parallèles peintes en rouge, noir ou brun. Leurs guerriers sont représentés coiffés d'un étrange assemblage de plumes dressées et attachées par un bandeau. Pour résoudre l'énigme de leur origine, les chercheurs ont fait des comparaisons entre leur culture et celles d'autres civilisations méditerranéennes et ont montré que les caractères les plus proches se trouvaient dans les îles de la mer Egée.
 

Le Juge Samson

 

Une douzaine de Juges se succédèrent à la tête d'Israël, dont seules les actions de certains sont rapportées en détail : Othoniel, Aod, Débora, Gédéon, Jephté et Samson. Ce dernier est le plus célèbre, qui fait l'objet d'un conte épique vantant ses exploits militaires du héros. Samson possédait une force herculéenne qui lui permit de combattre vaillamment les Philistins, comme dans l'épisode d'un combat où il fit un millier de victimes avec comme seule arme une mâchoire d'âne. Mais le héros tomba dans un piège en s'éprenant d'une femme nommée Dalila, qui devint sa maîtresse et qui la trahit en obtenant le secret de sa force irrésistible. Celle-ci résidait dans ses longs cheveux : Dalila tondit Samson pendant son sommeil et le livra sans difficulté aux Philistins.

Devenu captif de ses ennemis, le Juge Samson eut les yeux crevés et fut traîné dans un temple de Gaza où les Philistins célébrèrent leur victoire. Mais Samson fit en sorte de faire périr ses ennemis avec lui, en détruisant le bâtiment dont il repoussa deux piliers du toit. L'assemblée philistine et son prisonnier furent écrasés par l'effondrement de l'édifice (Jg. 14-16).

         S'il est tentant de prendre l'histoire des personnages de Samson et de Dalila pour une fable, il faut pourtant signaler l'existence de deux sites archéologiques qui ont livré des indices suggérant un lien possible avec la mort du personnage. Il s'agit des vestiges de deux temples philistins, trouvés à Tel Qasile (probablement l'ancienne Gath) et à Tel Mikne (l'ancienne Ekron) par les archéologues israéliens Amihai Mazar et Trude Dothan. Dans les deux cas, les ruines comprennent les bases en pierre de deux colonnes centrales rapprochées ayant dû supporter la toiture, et qui semblent avoir été en bois. D'après les dimensions, les deux colonnes devaient effectivement pouvoir être repoussées par un homme fort. La disposition de ces bâtiments est compatible avec le récit de la mort de Samson [4].






Ancien temple philistin à Tel Qasile
(christiananswers.net).


Plan du temple philistin de Tel Qasile
(biblemysteries.com).


Mais l'histoire de Samson a trouvé une confirmation supplémentaire dans les ruines de l'ancienne cité philistine d'Ascalon. Elle réside dans une inscription portée par un simple tesson de poterie trouvé dans la couche de destruction correspondant à l'invasion de Canaan par les Babyloniens en 604 av. J.-C.. Le texte est inscrit dans une langue proche de l'hébreu et sa traduction comporte clairement les noms des deux personnages bibliques [5][6] :

"A Hanno de Gaza : la tête de l'hébreu Samson, qui est attaché à Dalila, j'ai mis dans les mains d'Agga, le fils d'Aquish d'Ascalon, le roi."






Tesson de poterie philistine
portant les noms de Samson et de Dalila

(interbible.org
).


Si la traduction est juste, les personnages présentés avec autant d'exactitude ne peuvent être que ceux de la Bible. L'inscription signifie que la tête de Samson fut rapportée à ses ennemis par un messager chargé de la récupérer. Certes, la Bible ne dit pas que Samson a eu la tête tranchée ; peut-être s'agit-il d'une décapitation post-mortem, une pratique qui semble avoir eu cours à cette époque si l'on songe à David qui décapita Goliath après l'avoir tué avec sa fronde. En outre, le document porte les noms de trois rois philistins qui ont régné au VIIème siècle av. J.C., soit cinq cents ans après l’époque présumée de Samson : Hanno, Agga et Aquish.

La datation de ce document est certes tardive, mais on peut au moins en déduire qu'au VIIème siècle av. J.-C. il existait une tradition chez les Philistins se référant à un couple d'amants portant les noms des personnages de Samson et Dalila.


La naissance du royaume d’Israël

 

Deux livres bibliques font suite à celui des Juges et portent le nom de Samuel, un prophète de Yahweh dont la mission fut d'instaurer la royauté en Israël. En effet, le conseil des anciens du peuple hébreu souhaitait que soit instaurée une monarchie à l’image des nations voisines. Ils s’adressèrent au prophète Samuel, mais celui-ci leur transmit en retour les réticences du dieu Yahweh. Sur leur insistance, Dieu finit par accepter, et désigna comme roi un homme grand et vaillant nommé Saül. Le prophète Samuel le sacra roi d'Israël.

Le roi Saül gouverna et connut d'abord quelques succès militaires dans la guerre contre les Philistins. Cependant il n'obéit pas exactement aux messages divins transmis par Samuel, ce qui allait lui coûter la couronne et la vie.

         Sous le règne de Saül, un jeune berger nommé David s'illustra en tuant le géant philistin Goliath lors d’un combat singulier. A la faveur de cet acte héroïque, David entra au service du roi Saül, et devint un chef de guerre brillant dont les victoires dépassèrent celles de son souverain. Une jalousie croissante s'instaura chez le monarque, jusqu'à ce que David soit contraint de fuir. Saül pourchassa David en vain, avant de périr lui-même au cours d'un combat à Gelboé. A la mort de Saül, David fut proclamé roi à sa place (1 Sm. 8-31).


David et Goliath

 

C'est dans la vallée de Térébinthe qu’aurait eu lieu le combat singulier qui opposa le futur roi David au géant philistin Goliath (1 Sm. 17, 49). Le récit de la victoire spectaculaire de David abattant le colosse avec sa seule fronde, a longtemps soulevé lui aussi le scepticisme des historiens. On s'aperçoit aujourd'hui que l'environnement de ce récit n'est pas aussi irréaliste qu'on l'a cru.

La grande taille du guerrier philistin, donnée dans l'Ecriture pour à peu près trois mètres, a été ramenée à deux après consultation des manuscrits de la mer Morte, ce qui la rend plus crédible quoiqu'elle demeure imposante [7].

L'adversaire de David est présenté comme venant de l'ancienne cité de Gath, dont les vestiges font actuellement l'objet de fouilles sous la direction du professeur Aren Maeir, de l’université hébraïque de Bar-Ilan. Appelée aujourd'hui Tel-es-Shafi, Gath a livré une nécropole philistine où reposent des squelettes dont les tailles sont sensiblement supérieures à la moyenne. Si le personnage biblique de Goliath est issu de ce groupe de personnes, sa taille légendaire s'inscrit facilement dans ce contexte.

Une autre découverte plus significative a été faite en 2005 sur le même site de Tel-es-Shafi. C'est celle d'un tesson de poterie qui porte une inscription en vieux cananéen, et dont la traduction a donné clairement le nom de Goliath ... L'inscription date d'environ 950 av. J.-C., c'est-à-dire de l'époque supposée des premiers rois d'Israël. Cet artéfact trouvé dans la ville d'origine du géant de la Bible indique que ce prénom existait chez les Philistins [8].






Tesson de poterie portant le nom de Goliath

(jpost.com
).








Références :

[1] - "Joseph's tomb" (en.wikipedia.org).

[2] - J. Elder, "Prophets, idols and diggers. Scientific proof of Bible history". Bobbs-Merrill, Indianapolis,1ère édition 1960. Cité dans : "Joseph, Egypt and the Hyksos" (freemaninstitute.com).
[3] - "Joseph's Tomb in Sheshem" (shechem.org).
[4] - B. Wood : "Does archaeology shed any light on the story of Samson pulling down a Philistine Temple ?" (christiananswers.net).
[5] - G. Couturier : "Samson et Dalila". Chronique du 13 mai 2005 (interbible.org).
[6] - W.H. Shea : “Samson ans Delilah in a Philistine Text from Ashkelon. DavarLogos 2.1 (2003) : 73-86 (dialnet.unirioja.es).
[7] - "Goliath, le géant de la Bible". Film documentaire, coproduction Eye2eye Media/PTV/EO/URF/Arte/ORF/History Television/Historia, 2004.
[8] - "Scientists find 'Goliath' inscribed on pottery", nov. 10, 2005 (msnbc.msn.com).









La suite : David, roi d'Israël



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