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La Présentation

au Temple









 


            Des quatre évangélistes, Matthieu et Luc sont les seuls à parler de l’enfance de Jésus de Nazareth. Après les récits de sa naissance, Matthieu raconte la visite des mages à Bethléem et la fuite en Egypte, tandis que celui de Luc rapporte que Marie et Joseph firent circoncire leur fils et qu'ils le présentèrent au Temple de Jérusalem selon le rite juif. La loi hébraïque prescrivait en effet de consacrer à Dieu chaque garçon premier-né et de le « racheter » par un sacrifice animal, un mois après sa naissance (Ex. 13, 2-12 ; Nb. 18, 15).

            Dès son entrée dans le Temple, la sainte famille fut abordée par un vieillard nommé Syméon, qui prophétisa sur l'enfant en le déclarant « sauveur de toutes les nations », mais en lui annonçant également un destin tragique. De même, une femme veuve nommée Anne désigna l’enfant comme le futur libérateur de Jérusalem (Lc. 2, 21-40).


Le « berceau de Jésus »

 

            A Jérusalem, l'épisode de la Présentation au Temple semble être associé à un site peu connu et ouvert aux seuls musulmans. Sous l’actuelle esplanade des mosquées, les « écuries de Salomon » sont accessibles via une petite cour d’entrée qui occupe l’angle sud-est du mont du Temple. Sous cette cour est aménagée une étroite pièce souterraine à laquelle on accède par un escalier. Cet espace réduit est sensé contenir le « berceau de Jésus » (Sidna Issa), car selon une tradition, c’est là que Marie aurait déposé son fils dans un berceau de bois après avoir accompli le rite.

            L’emplacement indiqué est une alcove dans laquelle une pierre creuse est entourée de quatre petites colonnes supportant une coupole [1]. Cet ensemble date de la période musulmane et remplace une ancienne église byzantine dédiée à sainte Marie. La mémoire de ce site apparaît sous la plume de plusieurs auteurs musulmans antérieurs aux croisades.



Le "berceau de Jésus" au mont du Temple
(ritmeyer.com).



La « tombe d’Absalom »

 

         Mais les indices associés à l’évangile de la Présentation comprennent également une découverte récente, issue d’une démarche méticuleuse qui mérite d'être relatée en détail. Elle est due à un chercheur du service des antiquités d'Israël, le docteur Joseph Zias, expert en anthropologie et en étude des sépultures antiques.

          Tout commença par l'examen d'une photo que lui montra une étudiante, et qui représentait l'un des plus curieux monuments de Jérusalem, une sorte de mausolée antique implanté dans le fond de la vallée du Cédron. Il faisait partie de trois remarquables tombes anciennes ayant la forme de cubes surmontés d'une pyramide ou d'un cône. La plus grande qui atteint vingt mètres de haut est traditionnellement associée au personnage d'Absalom de l'Ancien Testament, l'un des fils du roi David révolté contre son père et tué après s'être pris les cheveux dans un arbre (2 Sm. 15-18).





La vallée du Cédron
et la tombe dite "d'Absalom"
(travelisraelonline.com).



            En réalité, ce monument appelé « tombeau d’Absalom » est plutôt caractéristique de l'époque romaine. Mais cela n'enlève rien à son intérêt, car en examinant attentivement la photo Joe Zias crut distinguer sur la façade les formes à peine perceptibles de quelques lettres gravées. Il fut aussitôt convaincu que l’édifice portait une inscription oubliée.

            Il alla consulter l'auteur du cliché, le photographe israélien Zev Radovan, qui se montra d'abord sceptique car l'édifice avait déjà été étudié dans le menu détail. Les deux hommes se rendirent alors sur le terrain, mais ne virent aucune inscription.

            Illusion d'optique peut-être, à moins qu'il ne s'agît d'un problème d'angle d'éclairage : le photographe expliqua que la lumière solaire rasante pouvait avoir révélé au moment du cliché une inscription habituellement invisible. Il conseilla alors au chercheur de revenir sur place plusieurs fois, jusqu'à obtenir à nouveau les conditions d'éclairage appropriées qui pouvaient dépendre du jour et de la saison.

      

Tombe dite "d'Absalom"
(travelisraelonline.com).


            Joe Zias s'y employa scrupuleusement. Il se posta en face du tombeau des heures durant, y retournant régulièrement pendant près de deux ans. Assis sur le talus qui entourait le monument, il scrutait inlassablement la surface du linteau en espérant que l'inscription se révèlerait.

           L'instant attendu arriva un soir de l'été 2002. Les lettres apparurent pendant quelques instants, soudain reconnaissables dans l'éclairage rasant du crépuscule. L'observateur prit quelques photos tandis que le soleil continuait inexorablement sa course.

            Tenant désormais sa preuve, Joe Zias courut ensuite consulter un spécialiste des écritures anciennes, le père Emile Puech, professeur à l'école biblique et archéologique française de Jérusalem. Les caractères photographiés étant encore insuffisamment lisibles, on décida de réaliser sur le monument un moulage en silicone de la surface inscrite. Il fallut construire un échaffaudage de neuf mètres de haut pour y accéder et relever les empreintes. Ensuite commença un patient travail de déchiffrement en laboratoire. Plusieurs lignes de lettres grecques, groupées en deux inscriptions distinctes, furent alors clairement reconnaissables.




 

Les inscriptions du tombeau d'Absalom
(joezias.com).



            La traduction des deux textes fut effectuée par Emile Puech. Le chercheur n'en crut pas ses yeux en voyant apparaître les noms de deux personnages du Nouveau Testament. Les inscriptions donnaient en effet leurs identités et leurs titres : « Ceci est la tombe de Zacharie, martyr, un prêtre très pieux, père de Jean », et « Syméon qui était un homme très juste et une personne très dévote et qui attendait la consolation du peuple ». Il s'agissait ni plus ni moins du prêtre Zacharie, le père de saint Jean-Baptiste, et du sage Syméon évoqué dans l'évangile de la présentation de Jésus au Temple (Lc. 1,5 ; 2,25) !

            Le rapprochement avec les personnages bibliques ne se justifiait pas seulement par les évangiles. Un texte de Flavius Josèphe dit en effet que le prêtre Zacharie, père du prophète Jean, fut arrêté et décapité en même temps qu'un groupe de dix habitants de Jérusalem, et que leurs corps furent jetés précisément dans la vallée du Cédron. Quant à Syméon, l'expression qui le présente était quasiment identique au verset de l'évangile de Luc mentionnant le personnage (2, 25).

            La forme graphique des caractères gravés correspond au style grec byzantin tel qu'il était pratiqué au IVe siècle. L'intérieur de l'édifice contient deux places vides. A-t-il réellement abrité les corps des deux hommes, ou fut-il seulement considéré comme tel ? Cela est difficile à établir, mais il semble en tout cas que cette construction ait fait l'objet des attentions d'une communauté chrétienne autour du IVe siècle.







Références :


[1] - R. Mock : "Zacharias, father of John the Baptist, and Symeon the Elder identified on 1sr Century Jerusalem Monument" (biblesearchers.com).









La suite :
Trente ans de silence


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