Trois
décennies s’écoulèrent, au cours desquelles Jésus grandit à Nazareth
dans la
simplicité et la discrétion. Après les évènements liés à sa naissance,
les évangiles
sont à peu près muets quant aux années de son enfance. On sait
seulement qu'il
a dû fréquenter l'école et apprendre le métier de charpentier chez son
père.
Saint Luc écrit qu'il « grandissait en sagesse » et relate un
seul
épisode précis.
Jésus
âgé de douze ans participa au pélerinage annuel de la Pâque à
Jérusalem ;
pendant le voyage retour, il échappa à la surveillance de ses parents,
et
ceux-ci le retrouvèrent au milieu du Temple en train de s'entretenir
avec les
prêtres et les docteurs. Ceux-ci s'étonnaient de la pertinence de ses
questions
spirituelles. Au reproche que lui fit Marie, il répondit de façon
sibylline
qu'il devait « s'occuper des affaires de son Père » (Lc. 2,
41-52).
C'est à peu près tout ce que la Bible nous apprend de la jeunesse de
Jésus-Christ.
Le contexte politique
Ces
trente années virent la situation politique en Terre sainte évoluer
tout en
demeurant liée à celle de Rome. Après la mort du roi Hérode le Grand,
survenue
en l'an 4 avant J.-C., le royaume de Judée fut partagé en territoires
qui
furent appelés des "tétrarchies" et répartis entre ses trois fils.
Archélaüs reçut la Judée et la Samarie, Hérode Antipas hérita de la
Galilée ainsi
que de la Pérée (région située au Nord-Est de la mer Morte) et Hérode
Philippe
obtint le Sud de la Syrie. Le pouvoir des tétrarques restait cependant
soumis
au contrôle impérial.

La Terre sainte après
Hérode le Grand
(antikforever.com)
En
Judée, Archélaüs pratiqua une politique répressive féroce. Plusieurs
révoltes
furent écrasées et deux mille Juifs crucifiés. Ce règne très
impopulaire se termina
par la déposition d'Archélaüs, prononcée par l'empereur Auguste en l'an
6 après
J.-C. à la demande de la population judéenne elle-même.
La
Judée devint alors une province romaine proprement dite, sous le nom de
Iudaea, et fut administrée par des gouverneurs
romains. L'un de ses gouverneurs est le fameux Ponce Pilate, qui
condamna Jésus
et qui fut sans doute en fonction de 26 à 36. Le lieu de résidence
habituel des
gouverneurs était Césarée maritime, sur la côte méditerranéenne, mais
ils se
rendaient fréquemment à Jérusalem, notamment au moment des fêtes
juives.
Indirectement, la Judée dépendait également de la grande province de
Syrie.
Monnaie
du tétrarque Archélaüs
(en.wikipedia.org).
De
leur côté, les tétrarchies de Galilée et de Syrie demeurèrent plus
durablement
aux mains de la dynastie hérodienne. Hérode Antipas, qui dirigea la
Galilée jusqu’en
39, est surtout connu pour avoir fait décapiter le prophète
Jean-Baptiste. Ce
fut aussi un bâtisseur, qui restaura la ville de Sepphoris, non loin de
Nazareth, et qui fonda celle de Tibériade sur le lac de Galilée, en
l'honneur de
l'empereur Tibère.
Quant
à Hérode Philippe, tétrarque des territoires israélites de Syrie
jusqu’en 34,
il installa sa capitale à Césarée de Philippe, ainsi désignée pour la
distinguer de Césarée maritime. Il fonda des villes nouvelles dédiées
aux
empereurs romains, en agrandissant des ports de pêche comme Bethsaïde,
sur le
lac de Galilée, qu'il rebaptisa Julias.

Monnaie
à l'effigie du tétrarque Hérode Antipas
(treachery.wordpress.com).
La société judéenne
Le
nouveau statut de province romaine de la Judée provoqua un regain
d’animosité contre
l'occupant. Le mouvement dit des zélotes, c'est-à-dire des « Juifs
zélés », aspirait au retour à l'indépendance et se tourna vers la
résistance armée. Mais les actes de violence perpétrés contre les
légions
romaines furent systématiquement réprimés dans le sang. Le climat
social
régnant en Judée restait très tendu.
Toutefois,
d'autres tendances et courants de pensée existaient chez les Juifs de
Judée.
Les pharisiens étaient des prêtres qui, malgré la présence étrangère,
continuaient à pratiquer le culte monothéiste dans le Temple. A
l'opposé, la
communauté religieuse des Esséniens s’était mise à l'écart du monde
afin
d'éviter tout contact avec les païens. Enfin, le groupe dit des
Sadducéens se
caractérisait par le refus de croire en la résurrection des âmes dans
l'Au-delà.
Tous ces mouvements étaient présents en Palestine lorsque Jésus
commença à
diffuser son enseignement.
Mais avant de se
pencher sur les traces de sa vie et de son oeuvre, faisons un détour à
la
rencontre d’un personnage dont le destin leur est étroitement
lié : Jean
le Baptiste.
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