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Dans le sillage   

de saint Paul   










 

         Saul ou Paul, originaire de Tarse en Asie Mineure, était un jeune citoyen romain d'origine juive. Ennemi acharné des premiers chrétiens, il avait approuvé la lapidation d'Etienne avant de participer aux persécutions. Sa conversion s'opéra à la suite d'une vision éblouissante de Jésus-Christ sur la route de Damas. Devenu aveugle au moment de sa vision, il recouvra heureusement la vue après s'être fait baptiser (Act. 8, 17-19).

       Le changement d'attitude fut radical. Paul se mit à transmettre le message chrétien avec encore davantage de ferveur qu'il en avait mis à le combattre. Il fit plusieurs voyages en Méditerranée afin de transmettre l'Evangile à des nations éloignées : Asie Mineure, Macédoine, Grèce, Rome. Il fonda des communautés chrétiennes dans un grand nombre de villes méditerranéennes. Paul se fixa comme objectif un défi redoutable : se déplacer par mer de pays en pays pour y proclamer la nouvelle foi. La deuxième partie du livre des Actes est consacrée au récit des voyages missionnaires remplis de péripéties.





La Méditerranée au temps des voyages de saint Paul
(lyon.catholique.fr).



Paul à Philippes

 

        De passage dans la ville macédonienne de Philippes, Paul intervint pour dissuader une femme nommée Lydie de continuer à pratiquer la magie. Cette démarche déplut aux Philippiens, qui jetèrent Paul en prison ainsi que son compagnon Silas. Mais c'était sans compter avec la protection divine, qui se manifesta sous la forme d'un fort tremblement de terre. Les fondements des murs furent ébranlés et les portes de la prison s'ouvrirent, permettant aux détenus de sortir (Ac. 16, 19-34).

Plusieurs campagnes archéologiques opérèrent dans les ruines de l'ancienne Philippes, initiées à partir de 1914 par l'école française d'Athènes. On retrouva deux grandes basiliques byzantines dont la plus ancienne remonte au VIème siècle. Derrière l'une d'elles, une ancienne citerne couverte est présentée aux visiteurs comme la prison dans laquelle Paul aurait été enfermé. Cette tradition locale n'a pas pu être vérifiée, mais des indices montrent que cette petite construction a plus tard servi de chapelle chrétienne.

 




Prison supposée de Philippes, où saint Paul aurait été enfermé
(biblepicturegallery.com).



Paul à Corinthe

 

La grande cité de Corinthe est bâtie sur l'isthme qui relie la presqu'île du Péloponnèse à la Grèce du nord. Les Actes précisent que Paul y demeura un an et demi, exerçant son métier de fabricant de tentes tout en diffusant l'Evangile. Il prêcha dans la synagogue de la communauté juive de Corinthe.

Les écoles américaines d'études classiques ont fouillé à Corinthe à partir de 1896. L'archéologie a fourni une inscription lapidaire qui semble provenir d'une synagogue. Elle montre les caractères grecs "...GOGE EBR...", lettres qui peuvent être complétées pour formuler les mots : (SYNA)GOGE EBR(AION), autrement dit "Synagogue des Hébreux". Par ailleurs, un chapiteau de colonne porte trois représentations de la Ménorah, c'est-à-dire du chandelier à sept branches, symbole de la liturgie hébraïque. Ces deux objets ont été datés du Vème siècle av. J.-C., signant une présence juive relativement ancienne.




Une inscription gravée à Corinthe
 semblant provenir d'une synagogue

(holylandphotos.org).



Un chapiteau représentant trois fois
la Ménorah à Corinthe

(holylandphotos.org).



Une dalle gravée en gros caractères émerge du sol, visible près du théâtre de Corinthe qui fut dégagé en 1929. Elle porte le texte écrit en abrégé d'une dédicace émanant du gouverneur romain Erastus : "ERASTVS PRO:AED S P STRAVIT", ce qui peut se traduire par : "Erastus, procurateur et édile, posa cette pierre avec ses deniers". Il s'agit probablement du personnage nommé Eraste, que Paul cite dans son épître aux Romains : "Eraste, le trésorier de la ville, vous salue ..." (Romains 16, 23).

 



La pierre dédicacée d'Eraste,
un personnage cité par saint Paul

(holylandphotos.org).


Paul rencontra à Corinthe une forte hostilité de la part de la communauté juive. Celle-ci le fit arrêter et traduire devant un tribunal présidé par le proconsul d'Achaie nommé Gallion. Le proconsul se montra indifférent, rejeta le recours en justice et Paul fut libéré (Ac. 18, 12-17). Or, on a trouvé à Delphes en 1905 une inscription émanant de l'empereur Claude, qui cite Gallion comme proconsul de Corinthe en l'an 52 :

        "Tibère Claude César Auguste Germanicus, 12e année de puissance tribunicienne, acclamé empereur pour la 26e fois, père de la patrie, envoie son salut à ... Comme me l'a rapporté récemment mon ami et proconsul L. Iunius GALLION et désirant que Delphes retrouve son ancienne splendeur...".

Il s'agit très probablement du même Gallion, car les deux villes dépendaient de la même province romaine d'Achaïe. On notera que ce Gallion était en outre le frère du philosophe Sénèque.






Une pierre gravée trouvée à Delphes,
et citant le proconsul Gallion.

(bpcbs.com)




            L'inscription de Gallion apporte en outre une précision chronologique importante, car nous savons par des sources romaines qu'il fut nommé proconsul pour un an à partir de juillet 52. Ce qui implique que Paul fut présent à Corinthe cette année-là.

 

Paul à Ephèse

 

Implantée à proximité de la côte sud-ouest de l'Asie Mineure, Ephèse fut l'une des plus importantes cités grecques d'Ionie. La déesse principale, Artémis, bénéficiait d'un temple magnifique et de précieuses statues en argent. Lors de son séjour à Ephèse, Paul se heurta aux intérêts commerciaux des artisans qui fabriquaient les temples et les statues dont il dénonçait le culte idolâtre. Une émeute fut provoquée par les orfèvres, qui rassemblèrent une grande foule dans le théâtre pour protester contre l'action de Paul, et qui entonnèrent un vibrant hommage à "Artémis des Ephésiens". Paul voulut prendre la parole en public mais ses amis l'en dissuadèrent. Finalement l'assemblée se calma grâce au discours du secrétaire de séance, qui rassura les Ephésiens en citant la grande statue d'Artémis "tombée du ciel". La tension retomba, la foule se dispersa et Paul ne fut pas inquiété (Act. 19, 23-40).




Les ruines d'Ephèse.
(julianspriggs.com)


Les premières fouilles réalisées à Ephèse furent l'oeuvre de l'architecte anglais John Turtle Wood en 1863, et se poursuivirent en 1869 avec l'archéologue allemand Otto Benndorf. Elles ont fourni l'une des plus importantes collections de vestiges gréco-romains. Son grand temple d'Artémis, le célèbre Artémision qui figurait parmi les sept merveilles du monde, n'a laissé subsister qu'une seule colonne encore debout. A côté de plusieurs autres temples, se remarque la façade imposante d'une bibliothèque dite de Celsus. L'immense théâtre qui a été dégagé est certainement celui où se déroula l'épisode de l'émeute provoquée par les orfèvres. On y a retrouvé plusieurs grandes statues de pierre représentant Artémis, dont certaines étaient privées de leurs mains qui devaient être confectionnées dans un métal précieux.

 

 

Le théâtre d'Ephèse, où eut lieu une émeute
 au sujet des chrétiens

(jfbradu.free.fr).

 

Statue de la déesse Artémis
trouvée à Ephèse

(jfbradu.free.fr).


Sur le flanc nord du mont Bülbül Dag, au sud-ouest de l'ancienne ville, une ancienne cave connue depuis 1906 a récemment livré une oeuvre artistique remarquable. Il s'agit d'un couloir rectangulaire de 15 mètres de profondeur, que fouilla en 2002 l'équipe de Karl Herold de l'Institut d'archéologie australien. L'examen des parois révéla que leur revêtement de plâtre cachait d'antiques peintures murales. En retirant soigneusement les couches superficielles, Herold vit apparaître une magnifique fresque paléochrétienne, représentant plusieurs personnages identifiés par des inscriptions : saint Paul, la Vierge Marie et sainte Thècle. Ces peintures du VIème siècle constituent désormais l'une des plus anciennes représentations connues de l'apôtre Paul.

 




Entrée de la grotte aux fresques à Ephèse
(archive.archaeology.org).


Fresque représentant saint Paul
(
huffingtonpost.com).


L'arrestation - Paul à Rome

 

Paul rentré à Jérusalem, fut saisi par une foule de Juifs très hostiles aux chrétiens. Il allait être mis à mort dans le tumulte lorsque le tribun de la cohorte romaine fut averti et le fit enlever. Pour le protéger des Juifs, le tribun fit transférer son prisonnier à Césarée où siégeait le gouverneur Félix. Paul resta prisonnier plusieurs années et demanda l'arbitrage de César, ce qui impliquait son transfert à Rome. Apprenant qu'il avait la citoyenneté romaine, le nouveau gouverneur Festus n'osa pas le lui refuser, et le fit embarquer pour l'Italie.

Un voyage mouvementé marqué par un naufrage à Malte le conduisit jusqu'à la capitale de l'empire. Il y séjourna à Rome en résidence surveillée pendant deux années, au cours desquelles il reçut des Juifs auxquels il parla de Jésus. Le récit des Actes des Apôtres s'achève alors que Paul se trouve dans la capitale latine.

Le livre des Actes est suivi d'une série de lettres, ou épîtres, adressées par Paul aux Eglises qu'il avait fondées, dans lesquelles il fournit des recommandations et des développements théologiques. Indirectement, cette correspondance nous informe également sur ses voyages et sa captivité, sans toutefois préciser les circonstances de sa mort.

Il faut donc chercher ailleurs que dans la Bible des renseignements sur la fin de la mission de Paul. Selon diverses sources il aurait été libéré, et serait ensuite reparti pour Jérusalem puis pour l'Espagne, d'où il serait revenu via les Balkans pour y être une nouvelle fois arrêté. L'apôtre reconduit à Rome fut cette fois détenu en prison ferme en attendant son jugement. Paul aurait été condamné à la décapitation et serait mort en martyr vers 67.

Sa captivité à Rome trouve un écho dans la deuxième épître à Timothée, qu'il aurait écrite en prison et dans laquelle il parle avec angoisse des chaînes qu'il porte en demandant à ce qu'on lui amène son manteau, ses livres et ses parchemins (2 Tim. 4, 9-13).

Cette prison est assimilée à la prison Mamertine, une ancienne citerne creusée au VIIème siècle av. J.-C. dans la colline du Capitole et sous l'actuelle église Saint-Joseph-des-Charpentiers. On dit qu'il y fut enfermé en même temps que saint Pierre, et qu'elle servit pour de nombreux autres condamnés. Constitué de deux cachots superposés, le lieu est particulièrement sinistre, au sol boueux et à l'air froid et humide. La cellule inférieure, accessible seulement par une ouverture à travers le plancher, est de forme circulaire ; elle contient un autel mural et une source, dont certains récits affirment que Pierre la fit surgir miraculeusement afin de baptiser ses gardiens. Des fouilles effectuées en 2010 par Patrizia Fortini révélèrent que sa construction serait un peu moins ancienne (IIème siècle av. J.-C.) et des fresques des XIème et XIVème siècles représentant Jésus et saint Pierre, indiquant son utilisation ultérieure en lieu de culte chrétien.







La prison Mamertine à Rome où saint Paul
aurait été détenu, précédé par  saint Pierre

(rome-tour.co.uk
).



La tradition situe le lieu de l'exécution de Paul et sa sépulture sous l'actuelle basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, une vaste église néo-constantinienne bâtie à l'ouest de Rome sur la route d'Ostie. Le monument conserve depuis longtemps, sous l'autel principal, une plaque funéraire du IVème siècle gravée de trois mots latins : "Paulo apostolo mart(…)" (apôtre Paul, martyr). La plaque est percée de trois orifices, qui devaient servir, pense-t-on, à faire passer les extrémités des vêtements des pèlerins afin de les bénir. Le contact avec les reliques avait en effet la réputation de permettre des guérisons miraculeuses. Cette pratique est décrite à propos de Paul de son vivant même, dans les Actes des apôtres (Ac. 19, 11-12) :

"Dieu faisait par les mains de Paul des miracles peu ordinaires, à tel point même qu'on appliquait sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps : les maladies les quittaient alors et les esprits mauvais s'en allaient."

            Afin de vérifier l'existence de la sépulture de Paul, le sous-sol de la basilique fut fouillé en 2002 par le département épigraphique des musées du Vatican dirigé par Giorgio Filippi. On fit deux sondages à travers le dallage juste sous le maître-autel du sanctuaire. On trouva effectivement une fosse contenant un imposant sarcophage de pierre. Il s'agissait certainement de celle de l'apôtre Paul, qui s'est ainsi révélée après être restée cachée pendant des siècles. Une ouverture assez large fut percée dans le sol pour permettre aux visiteurs d'apercevoir la tombe.





Plaque percée indiquant la tombe de saint Paul

(
biblepicturegallery.com).





De nouvelles investigations furent menées en 2009 dans le tombeau du saint. On pratiqua une minuscule perforation à travers le sarcophage, qui permit d'y introduire une sonde spéciale et d'y opérer un prélèvement. L'analyse révéla la présence de très petits fragments d'os, ainsi que des fragments d'une étoffe précieuse tissée de lin et d'or, et un tissu bleu avec des filaments de lin. On décela également la présence d'encens rouge et de diverses substances protéiques et calcaires. L'échantillon récupéré fut daté par un laboratoire non informé de sa provenance, et qui effectua une analyse au carbone 14. Les ossements se révélèrent être ceux d'un homme ayant vécu au Ier ou au IIème siècle de notre ère. Ces résultats, annoncés par le pape Benoît XVI lui-même, confirment qu'il s'agit très probablement des restes de l'apôtre Paul.






Références :

[1] - D. Couchman : "Worship of Artemis in Ephesus" (facing the Challenge.org).
[2] - D. Couchman : "The synagogue in Corinth visited by Paul in Acts chapter 18" (facing the Challenge.org).
[3] - D. Couchman : "Erastus, the city treasurer of Corinth" (facing the Challenge.org).
[4] - A. Remmers : "Les épîtres de l'apôtre Paul". In Vue d'ensemble du Nouveau Testament, Ed. Bible et Littérature Chrétiennes, Chailly-Montreux.[5] - P. Martin de Viviés : "Littérature paulinienne" (introbible.free.fr).
[6] - J.-C. Brenac : "Dictionnaire des Saints".
[7] - "Mamertine Prison". Catholic Encyclopedia (New Advent.org).
[8] - H. Hayes : "Mamertine Prison, Rome", Dec. 16, 2009 (Sacred-Destinations.com).
[9] - "Archaeologists discover St Paul's tomb" (catholicculture.org).
[10] - M. Durand : "Le sarcophage de saint Paul mis au jour". TF1 News, 8 déc. 2006.









La suite :
L'archéologie et l'Apocalypse


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